Le choléra

Le mot choléra proviendrait selon certains, de deux mots grecs : cholé, bile et rhéo, je coule. D’après les autres, il tirerait son nom du mot hébreu : choléra qui signifie mauvaise maladie. En effet, ç’en est une causée par un bacille, originaire du delta du Gange, où il existe plus ou moins encore à l’état latent. Très longtemps, ce fléau y resta cantonné, car le microbe qui engendre cette maladie ne supporte pas les longs trajets.  

• En 1817, sans doute transmis par des pèlerins, il apparut dans le reste de l’Inde, puis s’étendit à la Perse et au Caucase.
• En 1828, d’autres pèlerins l’importèrent en Egypte, à Istanbul et arrive jusqu’àla Bulgarie.
• En 1832, il tua 95 000 personnes en France.

Il serait trop long d’énumérer les différentes « vagues » qui déferlèrent sur l’Asie et l’Europe. Mais des épidémies éclatent régulièrement en Afrique et au sud-est asiatique. Le choléra est latent dans 93 pays du monde. Il est arrivé à plusieurs reprises dans notre île. 

Le bacille fut identifié en 1883, c’est un bacille en forme de virgule, muni de cils qui le rend très mobile ; il vit très longtemps dans l’eau, surtout lorsqu’elle est stagnante. Il se plait en milieu humide : linge mouillé de malade, matières fécales.  Les aliments, s’ils ont été manipulés par des mains mouillées, c’est-à-dire lavées dans de l’eau souillée, peuvent être contaminées. Je ne pourrais pas en dire d’avantage, car les symptômes ne sont pas de mon ressort.

Je vous donnerais quand même un vague aperçu.  Le malade livré à lui-même se déshydrate très rapidement. Sa soif est incoercible, sa température baisse de 37° à 11°, il est torturé par des crampes très douloureuses. Le sang, faute de liquide ne peut plus circuler normalement, le cœur est mis dans l’incapacité de fonctionner. C’est la mort… Elle peut survenir en quelques heures, dans la forme foudroyante.

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L’année 1859  restera pour la ville de Saint-Denis, comme pour toute la colonie, tristement mémorable avec cette épidémie.  Dans le mois de février (1859), un cyclone vint envelopper l’île de toute sa masse, détruisant des maisons, dégradant des routes (il est vrai qu’il n’y avait pas grand-chose de construit en dur !). Un mois après, une épidémie de choléra asiatique débutait à Saint-Denis pour se répandre ensuite dans les autres quartiers.

En 1820, le choléra avait été emporté par un navire, et en 1859, ce fut le même scénario. M. de Rontaunay avait dépêché un bateau « le Mascareigne » à Quiloa sur les côtes de l’Afrique orientale afin d’y faire un recrutement de travailleurs. Arrivé à cette ville, le bateau se trouva en présence d’une épidémie de choléra. Nombreuses étaient les victimes.

Un des chefs du bateau, pour ne pas perdre l’argent dépensé pour le déplacement du « Mascareigne », se laissa à embarquer des cafres provenant du point contaminé. Il obtint d’un jeune chirurgien de marine, un certificat de santé totale sur le navire. Ce document lui permit de lever l’ancre pour la Réunion le 17 février 1859. Au cours de la traversée, des cafres moururent du choléra. Quelques heures avant de mouiller en rade à Saint-Denis, quatre autres décédèrent et bien sûr ils furent jetés à la mer, pour se débarrasser des corps.

 

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Avant de débarquer, le bateau reçut la visite d’un médecin à bord. Le capitaine cacha la vérité en lui déclarant qu’il n’avait eu au cours du voyage que quelques cas de dysenterie et lui présenta le document obtenu par le jeune chirurgien de Quiloa. Après la réunion de la commission de santé, et au vu du document en possession du capitaine, il eut donc le feu vert pour débarquer ses passagers. Ces derniers furent quand même conformément aux règlements, conduits au lieu d’isolement pour y subir une période d’observation de 10 jours avant d’être répartis entre les divers propriétaires. Mais voilà, quinze d’entre eux, qui encore atteints de la prétendue dysenterie furent dirigés sur l’hospice civil. 

Chantal 

Sources : 

Mémorial de la Réunion
Veillées des Chaumières
Encyclopédie de la Réunion    

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