Aucune forme dassistance sociale nexiste du temps de lesclavage : les Noirs sont pris en charge par leurs maîtres qui paient, parfois, leurs frais dhospitalisation. Il faudra attendre 1856 pour que les Filles de Marie créent, à la Providence, un établissement daide aux miséreux. En fait la colonie est dramatiquement pauvre en médecins. Nous sommes loin, très loin des centres daujourdhui.
Bourbon, jusquau milieu du 19ème siècle ne compte que des rares hôpitaux militaires. Celui de Saint Denis est sis rue de Paris, à lemplacement de lancienne poste. Les salles y sont combles, on refuse du monde. Létablissement a beau changer de nom par trois fois, ses structures restent insuffisantes pour satisfaire les besoins dune ville déjà populeuse.
Hôpital militaire
En 1846, trois médecins décident de fonder une Maison de santé : les docteurs Leroux, Sainte Colombe, et Le Siner. Ils achètent dans le quartier de la Rivière, un ancien magasin de la société de Batelage du commerce, et le transforment en hôpital. Il faut dire que la colonie en a rudement besoin. Après lémancipation des noirs, le gouvernement provisoire a bien fait voter des fonds pour édifier des établissements susceptibles daccueillir le flot des nouveaux indigents, mais laxisme ou précipitation ou affolement, ladministration locale ne réagit et en 1849, rien nexiste pour recevoir des anciens esclaves livrés à eux-mêmes et en proie à la misère et aux maladies.
Ladministration locale demande alors aux médecins de lhôpital de la Rivière de lui céder, pour deux ans, leur Maison de santé. Létablissement est agrandi, suffisamment pour recevoir 140 malades. En fait, à la fois hospice et hôpital, il accueille indigents et aliénés, vieillards et filles publiques vérolées, lépreux et malades en tous genres. Les responsables côté administration : le directeur de lIntérieur et le contrôleur colonial.
Mais à lavant-plan, le dévouement des médecins débordés par lafflux des miséreux. Avril 1852, un nouvel arrêté stipule que le centre toujours sous lautorité du directeur de lIntérieur, sera à la fois dispensaire, atelier de secours, hospice civil et maison daliénés. Le confirmant en fait dans ses rôles premiers. Lon édicte aussi le premier règlement intérieur. La même année le docteur Azéma remplace le Docteur Leroux.
Un époque difficile
La même année le bateau « Sophie » ramène des côtes africaines la variole qui touchera plus de 10 000 Bourbonnais. Outre lépidémie, lHôpital civil doit compter avec les malades autrefois dirigés sur le centre militaire, prévenus et condamnés, marins de commerce et immigrants sans engagement. Tout de même, existe déjà une léproserie, lhôpital de Saint-Paul et celui de la Providence. 1857, une Inspection confirme le zèle du personnel ; lhôpital de la Rivière est jugé salubre et efficace.
Les fléaux autrefois sobstinent à pleuvoir sur la colonie : épidémies de variole, choléra. LHôpital assure vaillamment, des religieuses, des Filles de Marie viennent sy installer. Mais aucun lieu de culte nexiste dans lenceinte, les indigents décédés sont exposés dans lamphithéâtre, et en mars 1860 lon transforme une salle de létablissement en chapelle.
Désormais les offices religieux y sont célébrés. Le curé Joly y va de ses propres deniers pour édifier une petite cure attenante. 1862, la maison de santé de 46 devient par arrêté spécial : Hôpital colonial. Colonial pour marquer, bien sûr la prédominance de la Colonie, mais lon commet des erreurs de manuvre dues à des manigances politiques en haut lieu : lon décide de substituer aux médecins civils des médecins militaires. Emoi côté Conseil Général et demi satisfaction arrachée.
Cependant le paupérisme continue sa danse macabre avec son cortège de catastrophes naturelles dépidémies de typhus en 65, de variole en 67. Lon inhume les morts de nuit, lon creuse au cimetière de lEst des fosses communes. Lon va même jusquà projeter la suppression de létablissement de la Rivière et la construction dun nouvel hospice. En 73, enfin, lHôpital colonial, de retour dans le giron de service local, adopte une politique plus modeste. Finies les largesses et générosités prodigalités dantan, lon jette les bases dune nouvelle administration et lon dirige les indigents sur lHospice Communal.
Mais le temps a fait son uvre coutumière ; les bâtiments sont vétustes et, en 1899, lHôpital colonial cède la place à celui de Félix Guyon au Camp Ozoux. Le premier hôpital civil de Bourbon ferme ses portes.
Ancien hôpital Félix Guyon
Chantal
Sources :
Télé sept jours