L’orchidée

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Ces fleurs si fines, si admirées sont une splendeur. On les cultive, collectionne, afin d’avoir une ou plusieurs variétés que les autres n’ont pas. C’est un peu l’orgueil des orchidéophiles. Cette fleur a une belle légende recueillie par un botaniste hollandais, Blume, à Java. Je vais tenter de vous la raconter. 

Une déesse éblouissante de beauté apparut aux hommes afin de leur inspirer de beaux sentiments. Mais ils étaient si grossiers, si pervertis, qu’ils blasphémèrent, à tel point que la pauvre dût chercher abri dans les  profondeurs inaccessibles des forêts et des ravins. Accablée, la déesse laissa glisser son écharpe d’origine céleste sur le rocher moussu. Mais elle se reprit bien vite et retourna parmi les hommes, non plus douce et clémente, mais farouche et irritée. 

Les audacieux tremblèrent, les plus rebelles se remirent. Tous, en un signe de réconciliation implorèrent la faveur de conserver l’écharpe radiante. La déesse ne la leur accorda pas. Prise de pitié, elle leur permit seulement de contempler une dernière fois une végétation. Heureusement pour les Javanais, une plante poussa sur les rochers, reproduisant sur ses feuilles, l’image de la soierie divine. A peine connut-on l’existence de la plante merveilleuse que les hommes se précipitèrent pour la contempler et s’en emparer.

Leur joie fut pourtant de courte durée. La plante sublime dépérissait à vue d’œil. Bonne fille, la déesse intervint. Elle transporta l’orchidée sur son rocher, la ranima de son souffle et la confia aux fées de la montagne, anciennes protectrices de cette végétation. La déesse connaissait la loi de l’influence du milieu sur les végétaux. 

Dans n’importe quels pays qu’ils soient, les hommes sont tellement éblouis par la splendeur des orchidées, qu’ils l’offrent à des occasions tels : anniversaire, fête des mères, Noël et autres… Ainsi les orchidées fleurissent toute une vie. 

Dans notre île, il existe plusieurs associations d’orchidéophiles. Celles-ci font régulièrement des expositions, surtout avec des variétés venant de très loin, parfois de Singapour, Hong Kong, Alaska, Malaisie, Groenland, Sibérie et autres… N’étant pas de ceux là, je ne pourrais vous décrire tant d’espèces.  

Je sais qu’il y en a qui viennent aussi d’Amérique du sud, de Bornéo… D’autres poussent en forêt toutes seules. Elles sont épiphytes, c’est-à-dire qu’elles poussent sur d’autres végétaux qui les tolèrent. Herbes délicates, menacées d’étouffement dans les sous-bois équatoriaux, les orchidées résolvent le problème en s’enroulant au tronc des arbres à la manière des lianes et les fleurs vont s’épanouir très haut, à la lumière. 

On ne connaît pas bien l’origine des orchidées mais il ne serait pas surprenant que la première orchidée tropicale importée vivante et amenée en Europe, l’ait été au Pays-Bas en 1698. La fortune de la Hollande s’est étayée sur les exploits de ses botanistes aventuriers qui ne s’effrayèrent ni les naufrages, ni l’agressivité des peuplades, ni les engagements avec les pirates.

Très tôt, ils établirent si bien le monopole des Pays-Bas sur les épices et autres richesses exotiques que le botaniste Pierre Poivre passa 30 ans de sa vie à tenter de s’emparer de noix de muscade et de girofliers, pour les acclimater sur l’île française de Bourbon avec la collaboration de son ami Joseph Hubert.  Ces horticulteurs sont méticuleux, et il leur faut de la patience car il sont obligés d’attendre 7 ans en moyenne pour plusieurs espèces, entre une fécondation et son résultat.

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Les orchidéophiles sont toujours à la recherche de fleurs toujours plus belles, plus résistantes possibles, et aux couleurs toujours plus fantastiques. Le sabot de Vénus, comme la plupart des orchidées est originaire de l’Himalaya du sud, de Nouvelle Guinée, et des Iles de la Sonde. On trouve une multitude d’hybrides de cette espèce. Celles-ci furent croisées entre elles de sorte que de nos jours, on possède une multitude de magnifiques hybrides aussi résistants et colorées les unes que les autres. Chaque orchidée possède sa beauté propre, jalousement préservée, mais toutes s’emploient à dérouler leur pouvoir de séduction. 

Avec plus de 20 000 espèces, les orchidées forment la famille de plantes à fleurs la plus riche en espèces. Elles représentent à elles seules 7 à 9% de toutes les plantes à fleurs, c’est-à-dire que les gens les aiment. Leurs fleurs ont souvent des formes étranges et des couleurs remarquablement riches en contrastes.

Dans l’île, l’orchidée la plus connue et la plus employée est la vanilla Planifolia, c’est-à-dire la vanille Bourbon que l’on cultive afin de parfumer gâteaux, café, mets, rhums… Il parait qu’elle est la meilleure du Monde. Il existe aussi de nombreuses espèces cultivées pour leurs fleurs : catteleya, Dendrobe, Sabot de Vénus, Phalénopsis, Vanda… 

La recherche scientifique se penche sur les orchidées. 30% des espèces se sont révélées riches en hydrate de carbone, glucosides et alcaloïdes qui ouvrent bien des perspectives nouvelles à la médecine de demain.  Concluons que le complexe nécessaire à la germination d’une graine microscopique est difficile à réaliser par l’homme, d’où la rareté et la cherté de ces fleurs étonnantes. 

Chantal

Sources : 

Revue A l’Ecoute 

Veillées des Chaumières

Guide des plantes tropicales

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