La charrette bœuf

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Charrette boeuf d’ailleurs

La charrette a été longtemps, que ce soit dans notre île ou ailleurs le moyen de transport le plus courant. La carriole, était utilisée par les propriétaires d’habitations possédant un cheval de trait. La charrette elle, dans notre île était utilisée par la masse de colons.  Elle était attelée à un bœuf-zébu (de Madagascar) ou au bœuf moka et elle transportait essentiellement la canne à sucre, les grains, le fourrage, le bois pour la cuisine, et autres produits agricoles. Tout ce qui n’était pas transporté par le train, l’était par la charrette tirée par des bœufs. Elle servait aussi de moyen de transport à la famille, pour se rendre d’une ville à l’autre. Là, on enlevait les montants placés pour le chargement (au nombre de 8 au moins).  Ces montants permettaient ainsi à charger en volume beaucoup plus que ne pouvait contenir la caisse. Ce volume prenait forme entre ces montants. Donc, quand il s’agissait de transporter la famille, on aménageait la caisse de banquettes, faites le plus souvent de tabourets de paille de Gol, et on couvrait cette caisse à l’aide de larges feuilles de palmiers pour se préserver du soleil.

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 Charrette boeuf de Madagascar

Elle a été remplacée depuis un moment par le camion ou le car (car courant d’air !!). Mais la charrette subsiste encore dans plusieurs secteurs escarpés de l’île et dans les chemins vicinaux, dans les champs où les camions ne peuvent y accéder. Ainsi, à Saint-Louis par exemple, on trouve encore des livraisons de cannes faites à l’aide de charrettes. La coupe commençant, on procède à tout un rituel qui se fait dans cette commune jusqu’à nos jours, afin de bénir les charrettes, les bœufs etc…pour cette période. 

Ces charrettes étaient entièrement fabriquées par le forgeron du village. A part la roue cerclée de fer, et quelques pièces d’assemblage, l’essentiel était fait de différents bois spécifiques à chaque élément. Existait un appareil exprès pour châtrer les roues, c’est-à-dire les cercler.

G. Douyère nous dit ceci : « La charrette était confectionné sur place, depuis les ridelles jusqu’aux roues. On trouvait tout ce qui était nécessaire chez les commerçants : paliers de moyeu, le fer carré des essieux, le bois de jaque pour les jantes ainsi que le fer plat qui devait servir de bandage aux roues ». Ce type de roue qui équipait les charrettes transportant les cannes a été utilisé jusqu’en 1960 où un arrêté préfectoral interdisait après cette date, son usage.

Cette roue, ferrée, était bien adaptée aux petits chemins de terre aux ornières profondes, mais ne convenaient plus du tout aux routes bitumées. Les chemins asphaltés se détérioraient vite après le passage de charrettes dessus. A cette époque donc, les roues ont du être changées et remplacées par des pneumatiques.   Les montants de la caisse étaient faits en bois de gaulette, les ridelles en corce rouge (c’est une variété d’arbuste utilisé dans les constructions).

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Charrette d’ici

Ce transport avait un mât ou brancard, et le joug unissait les deux bêtes à l’attelage. Le prolongement des brancards étaient appelés les bâtis, et permettaient avec une dimension raisonnable, en avant du corps de la charrette, d’y placer le charretier.  Les rayons des roues (au nombre de 14 environ), fixés sur le moyeu en bois de cœur bleu étaient également en bois de gaulette ou de tan rouge. Ils s’adaptaient sur la jante de bois noir. 

Toujours G. Douyère raconte : « qu’il assistait à cette fabrication, depuis le montage de la caisse et des brancards en bois de champacs jusqu’à l’ajustage des rayons et de la jante. Mais nous dit–il, l’opération la plus intéressante de cette fabrication artisanale était sans conteste la pose, à force, du cercle de fer qui devait servir de bandage »   Le frein était, lui appelé « enriage». Devant, était assis le charretier, qui avec un « chabouc » (sorte de fouet: bâton muni d’une corde ou de nerf de bœuf) servait de martinet pour faire avancer les bêtes. Cet accessoire était là pour la forme, car ces bêtes étaient très obéissantes au cri du charretier, il y avait l’affection qui régnait entre eux.. 

Il arrivait que la charrette soit utilisée à la tombée de la nuit, alors pour se faire voir, une sorte de lampe triangulaire était fixée à gauche du charretier. Celle-ci était munie de vitres sur deux côtés. A l’intérieur une bougie allumée se tenait droite. Cette lumière de bougie, chez certains charretiers équipés d’un modèle plus sophistiqué, réfléchissait dans de petits miroirs posés à l’intérieur et paraissait plus puissante. C’était le même principe que les lanternes de bateaux. 

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Rhum Charrette

Ces charrettes se rendaient de leurs champs à la plateforme de l’usine pour livrer son chargement. Elles passaient d’abord sur la balance, puis une grue les délestait de leurs cannes. La « charrette bœuf », comme on le dit ici a jadis aussi accompagné les mariages d’autrefois, convoyant les nouveaux époux au son de l’orchestre de cuivres et dans l’ambiance de fête. Ce moyen de locomotion a pratiquement disparu de nos jours, au profit des camions, des remorques tirées par un tracteur, et des cachalots.(1)

 Cette charrette fut pendant longtemps le bien le plus précieux, l’auxiliaire irremplaçable des familles modestes, et tenait une place importante dans le cœur des réunionnais. De nos jours pour transporter la canne, le créole dira « charrette coméla » soit un tracteur tirant une remorque remplie de cannes. 

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« Charrette coméla, l’est pu comme longtemps !!!

(1) Ce sont d’énormes camions transportant des cannes à sucre qui font la navette  entre les champs, les bascules et les usines. A cause de la forme de leur carrosserie, on les appelle ainsi car ils rappellent cet animal marin. 

Chantal


Sources :

Le piment des mots créoles

Réunion humoristique

Patrimoine

Dictionnaire Larousse du 20 ème siècle 

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Pour voir des cachalots : 

http://balades.travelblog.fr/r3572/SAINTE-MARIE-LES-BAS/12/

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