Sur un air d’accordéon…

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Autrefois, les gens allaient au bal pour s’amuser. C’était l’occasion de danser, entre parents, grands-parents, et enfants. Pour certains, l’occasion de lier connaissance avec des gens avec qui on découvrirait des affinités après la danse. Célibataires, hommes et femmes mariés dansaient, riaient et, entre nous soit dit, savaient s’amuser. Valse, java, tango, slow et autres faisaient partie des danses de l’époque. Ici, dans l’île, le séga alimentait le panel de chants tels :

 

 « Viens danser l’séga
Avec nous mon p’tit femme zoreil
Viens na montre à ou
Séga lé kalou… » 

Les gens vivaient pleinement ce moment, car les distractions n’existaient pas en nombre et la consommation de quelques petits verres aidait à mettre l’ambiance pour la soirée. 

Un air joué à l’accordéon nous transportait et on appréciait le morceau, car il nous faisait vivre jusque dans l’âme disaient certains. Revenir dans le passé à l’aide de morceaux connus qui ont bercé votre jeunesse, quelle joie !! On se surprenait à fredonner, rien que pour le plaisir de savourer cet instant présent qui, pour nous est un magnifique printemps !  A notre époque, les gens qui organisent des réceptions, soient bal pour un mariage ou autres utilisent la sono, et le disc-jockey. Mais quand on a droit à un orchestre, là les gens s’amusent doublement, le contact direct avec ces instruments vous font vibrer. De nos jours, de telles manifestations existent encore, et plus précisément au sein d’association du 3ème âge de certains quartiers, où des anciens viennent faire danser les mémés venus là, uniquement, disons le, pour se trémousser. 

Autrefois, l’accordéoniste montait son propre orchestre avec neuf musiciens et son petit plaisir était de créer. Des airs de folklore, de jazz, des musiques de film, et la reprise de morceau standard constituaient son registre pour la soirée. Les ségas revenaient comme une sorte de refrain entre autres groupes de danses, tels : « P’tites fleurs fanées », « Toué lé joli », ou encore « A cause Fifine » ti réponde à moin toujours non. Là pas de non, car tout le monde dansait. 

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Jean-Luc TRULES

« L’accordéon est l’instrument de l’infini, disait Sylvie Fouquet. Ses timbres sont multiples, le doigté de chaque musicien, différent. Les jeunes accordéonistes doivent exprimer toute la sensibilité de l’instrument, toute leur personnalité, et non appliquer à la lettre les techniques acquises dans les écoles, pour sans cesse mener le bal !» Eh oui, en musique, comme dans bien d’autres matières, la pratique surpasse tout et permet d’innover et faire palpiter le cœur des gens. L’artiste faisait entendre un ou deux accords et ainsi laissait s’échapper libre cours à son inspiration et sa créativité.

La tristesse, la joie, l’amour jaillissaient des touches et du  soufflet… l’accordéon retrouve toute son âme quand il nous fait revivre : « Le temps des cerises », « Etoile des Neiges », « J’ai deux amours », « Marinella », « La java bleue »…Les gens ne restaient pas assis, mais se dirigeaient vers le podium. Vu le succès de tel air ou de tel autre, il fallait de peu pour prolonger la présence des danseurs sur cet espace ; jouer : « Balade des gens heureux » ou « Voulez-vous valser grand-mère », et cela l’accordéoniste le savait. Il y avait des morceaux clés qui attiraient plus que d’autres.

Pour produire ces sons qui nous restituent la chanson et le rythme, l’accordéoniste ouvre et referme le soufflet central et appuie sur les deux claviers que possède cet instrument. Au son qu’émet cette machine, on dirait qu’il aurait une âme, tant il vous entraîne avec lui dans les airs différents. On sent le musicien vibrer au fond de lui-même quand il exécute tel morceau ou tel autre. 

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De sa main droite, l’accordéoniste nous fait sortir les sons de mélodie et de la gauche, il s’occupe de l’accompagnement. Véritable homme-orchestre à lui seul, cet instrumentiste exécute le rythme assimilé à l’harmonie. C’est justement ces qualités qui lui ont valu cette place dans les bals populaires. Vu le succès de cet accessoire, il a aussi acquis ses lettres de noblesse en musique classique. 

L’accordéon demeure un instrument de musique expressif qui a charmé (et charme encore) nos « jeunesses ». C’était avec nostalgie : l’accordéon de nos vingt ans, car l’empreinte du passé reste longtemps dans nos mémoires.

Chantal

Sources : 

Veillées
A l’Ecoute
Dictionnaire universel de la vie pratique à la ville et à la campagne 

Pour en savoir plus sur René LACAILLE : 

http://arkayog.blogspot.com/2007/04/ren-lacaille-laccordon-de-la-runion.html

Pour entendre un air d’accordéon :

http://240plan.ovh.net/~croixroun/Joomla/index.php?option=com_content&task=view&id=1044&Itemid=36

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