La canne à sucre et les débuts de son industrie

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 Cannes en fleur

Cette plante est une graminée résistante, ressemblant à un roseau de plusieurs mètres de haut. Suivant la variété cultivée, la nature du terrain, les soins apportés, sa tige peut atteindre 4 à 5 mètres de haut. Chaque plant produit un certain nombre de tiges (touffes). Sa tige cylindrique de couleur et de grosseur variables, est composée de nœuds et d’entre-nœuds. Ses fleurs sont disposées sur une grande flèche qui prend l’aspect d’une inflorescence terminale  Elle est cultivée dans les régions tropicales et subtropicales, dans des conditions climatiques très variées. 

Cette graminée aurait été introduite à Bourbon par Etienne Regnault, le premier commandant français qui aurait accosté à la Réunion au peuplement de l’île. Son nom scientifique est saccharum officinarum. Son arrivée en Arabie se situe vers le milieu du 13éme siècle. Vers le début du 15 sème siècle, elle prit pied sur l’île de Madère. Vers la même époque, les espagnols commencèrent sa culture aux îles Canaries. Pour les Antilles, nous retrouvons la canne à sucre en 1610 pour la Guyane, 1640 pour la Guadeloupe, 1650 (introduit par un juif) en Martinique. Regnault l’aurait rapporté d’un voyage à Madagascar vers 1688.

Cette plante est originaire de Java ou de l’Inde, et elle avait été introduite à Madagascar depuis des migrations malaises. Bougainville et Cossiny introduisirent aussi chacun une variété dans notre île. La canne à sucre est l’une des plantes alimentaires les plus importantes pour l’économie mondiale. D’autres variétés furent importées vers 1782, et la canne a vite conquis le pays.

Il existe à la Réunion un grand nombre de variétés de cannes : En 1889 étaient surtout cultivées la louzier (blanche), la batavia (rayée), la Port-Mackay (ne fleurissant pas), la big-tanna (courte et grosse), la bambou jaune, la poudre d’or (fine et rayée), le bois rouge, la tamarin, la mapou, le rat gros ventre…

La stabilité, la grande résistance aux sécheresses, aux maladies, aux cyclones, font que la canne laisse, aux plantations une plus grande garantie de sécurité que la culture du maïs ou du manioc…

Les cyclones compromettent sa culture, mais ne la détruisent pas.

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Cannes dans l’Est

On mâche la canne fraîche afin de savourer la sève sucrée. 

Les premières cannes étaient broyées à la main dans de petits moulins ou « fangourins » et donnaient un jus qui était utilisé sous deux façons. Soit on la laissait fermenter pour en obtenir du vin légèrement alcoolisé, soit par séchage du jus au soleil qui permettait d’obtenir une sorte de cassonade. Mais la Compagnie voulut imposer à la colonie de Bourbon, la culture du café.

Il faudra attendre la fin de la Compagnie et les déboires du café (maladies et parasites, crise économique et fortes pluies), pour que la canne ait une seconde chance et reprenne sa place de culture reine. Peu à peu de nombreux colons installent des moulins actionnés par la force humaine ou animale, parfois par le vent ou l’eau d’un canal. Ces entreprises produisirent essentiellement de l’alcool qui faisait le délice des navires de passage. Depuis cela, le sucre n’est plus une production secondaire mais un moyen de survie. La production de sucre et de rhum était réservée aux Antilles en priorité, c’est Paris qui avait décrété cela.  Les moulins se multiplièrent et surtout se modernisèrent.

Les fils de Mme Desbassayns : Charles et Joseph avaient fait des études en Europe et aux USA, et avaient découvert les premières réalisations en ce secteur. Charles fit venir en 1815 pour sa propriété du Chaudron, le premier moulin à manège en fer. Il commanda en Europe cette roue, expressément pour cette industrie. Plus tard il fera actionner ce moulin par le vent, puis la première machine à vapeur sur l’île naîtra en 1817. Son frère l’imitera dans la même année à la Ravine des chèvres.  Les moulins à vapeur remplacent alors très vite les anciennes installations et les usines se multiplièrent. On comptait en 1823, 168 moulins dont 22 actionnés par l’homme, 90 par des animaux, 34 par l’eau, 20 par le feu et 2 par le vent. Au cours des années suivantes, la vapeur prendra une place prépondérante en prenant la première place sur les moulins à l’ancienne.

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Usine de Bois Rouge 

Le rhum est fabriqué à partir de la mélasse fermentée, c’est-à-dire le résidu sirupeux de la cristallisation du sucre. En Egypte, la mélasse est vendue comme sucre noir. Par fermentation directe de la sève on obtient de l’alcool éthylique et du carburant.

Les parties vertes fournissent un excellent fourrage. Les déchets de récolte servent à fabriquer des panneaux de particules (le « bagapan »). Le tourteau issu du filtrage de la sève est utilisé comme engrais. 

Deux ingénieurs, Gimart et Wetzell ont contribué à l’écueil de la fabrication du sucre et le système qu’a mis au point Gimart devait révolutionner les gens. Des hommes venus de France et d’Angleterre se sont pris d’enthousiasme devant cet appareil si simple et si ingénieux. Ce système reposait sur un fait physique et il employa avec génie une des propriétés. La production mondiale avoisinait à une époque 62 millions de tonnes par an. Les principaux pays producteurs sont Cuba, le Brésil, les Philippines, et la Thaïlande.

De nos jours l’exploitation de la canne rencontre beaucoup de problèmes : ver blanc, manque de subventions, disparition des terres au profit de l’immobilier et des routes…  

Chantal

Sources : 

Guide des fruits et légumes tropicaux
Guide des plantes tropicales
Trésors cachés
Histoire de la Réunion
Encyclopédie Roussin
Revue du CIRP   

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