La pluie tombe sur la Réunion depuis quelques jours et de belles cascades ornent la falaise de la route du littoral.
J. BARRERE Curé de St Paul 1841 1845
Pour se balader à Saint-Paul de nos jours :
http://balades.travelblog.fr/r3567/SAINT-PAUL/6/
Pour en savoir plus sur le Docteur LACAILLE :
http://s169033694.onlinehome.fr/2009/02/06/origine-du-nom-lacaillereunion/
Bonsoir à toutes et à tous, et particulièrement à Annie H,
Ce soir je vous propose Jean Marie BRACONNIER, né le 16 novembre 1787 à Lachalade (Meuse), fils de Jean Marie BRACONNIER, cordonnier (1782), garde des bois de M. L’abbé (1784), garde des bois nationaux (1796) et de Jeanne GARNIER (mariés à Lachalade – 55 – le 30 janvier 1782)
Arrivé à Bourbon en 1806, habitant, domicilié à Saint-Leu, il épouse Marie Joséphine BRUANT, originaire de Paris le 21 octobre 1813 à St Denis, ils auront ensemble au moins 6 enfants :
* Jeanny ° 05 décembre 1814 à St Paul
* Marie Zoé ° 30 décembre 1816 à St Paul
* Eléonore ° 05 février 1818 à St Denis
* Sophie ° ca 1822
* Joséphine Aglaé ° 20 novembre 1824 à St Paul
* Claire ° 15 janvier 1831 à St Leu
Familles pouvant être alliées :
BRUANT – LAURENTIN – LEPELLETIER – PÉAN – HOAREAU – DOURDAINE
Sources : archives départementales de la Meuse et de la Réunion (recensement 1846) – Annie Holzman – relevés C&S Dubard (1810-1850)
Acte à retrouver dans votre dossier habituel
Bonne soirée
Généalogiquement vôtre
Claude Rossignol
La rubrique quotidienne des « Primo-Arrivants » de GENBOURBON & IMAUGEN
http://www.racines-des-mascareignes.fr
http://fr.groups.yahoo.com/group/Imaugen/
CGB N°2665
CGPF35 N°259
Bonjour à tous,
A l’heure où on nous parle de peut-être encore augmenter le prix du pain,et à l’invitation de Régine, je vous propose un extrait d’une ordonnance du 28 01 1819 :
» A l’avenir, nul ne pourra exercer dans la colonie la profession de boulanger, sans une permission spéciale du maire de chaque quartier, visée par le commissaire de marine chargé des détails du service administratif. Cette permission ne sera accordée qu’à ceux qui seront de bonne vie et moeurs et qui justifieront connaître les bons procédés de l’art. Ils devront en outre justifier, dans le premier trimestre de chaque année, qu’ils font leur approvisionnement de l’année, et se soumettre à avoir constamment en réserve dans leur magasin un approvisionnement de blé relatif à la quantité de pain qu’ils s’engageront à fournir journellement, et qui devra pourvoir au service de 3 mois.
Les boulangers seront divisés en 3 classes :
– ceux qui fabriquent le pain blanc et pain bis pour la consommation habituelle de citoyens.
– ceux qui ne fabriquent que du pain fantaisie, et souvent ne font que manutentionner la farine qui leur est délivrée par des particuliers.
– ceux qui ne font que du pain de son appelé « macatia » pour les noirs. »
Bon appétit
Marie-Claude KOUDRIATCHEFF
__._,_.___
Macatias de 1819
Ce soir je vous propose Charles François COACAUD, né le 1er novembre 1742 à Rochefort (Charente Maritime), fils de Charles COACAUD, Marinier (1731), bombardier, maître canonnier et de Jeanne BRIAND (mariés à Rochefort – 17 – paroisse St Louis le 7 mai 1731)
Chirurgien, il épouse Thérèse BOUDRET (1750 – 1804) à Pamplemousses le 18 mars 1773, ils auront ensemble au moins 10 enfants.
Il décédera le 9 décembre 1806 à Port-Louis.
Sources : archives départementales de Charente Maritime – Henri Maurel
Acte à retrouver dans votre dossier habituel
Bonne soirée
Ancestralement vôtre
Claude Rossignol
La rubrique quotidienne des « Primo-Arrivants » de GENBOURBON & IMAUGEN
http://www.racines-des-mascareignes.fr
http://fr.groups.yahoo.com/group/GENBOURBON/
CGB N°2665
CGPF35 N°259
Les géographes nous expliquent que le terme Sahel vient de larabe « sahil » qui signifie le rivage, le bord du désert. Pour les ethnologues et linguistes, ce même mot en langue bantoue désigne le bord (de lAfrique), là où vivent les peules Souahélis, de la Somalie au Mozambique, creuset de la culture Swahili. Vous ne trouverez cependant aucune référence à ces termes dans les registres de létat civil des esclaves à La Réunion : ceux-ci étaient nés en « côte dAfrique », sans aucune précision ni préciosité sémantique, et cest seulement dans les recensements de population que vous pourrez lire un peu plus sur le pays dorigine des esclaves, les individus y étant alors classés « indiens », « malais », « malgaches », « créoles » ou « Mozambique ».
Félicité, dont je vous conte en ces pages lhistoire (vraie), nest pas née au « bord de lAfrique » ou en « côte dAfrique », selon lexpression que vous privilégierez. Dautres recherches, que je nai pu entreprendre encore, me diront peut-être plus tard qui, de son grand-père ou de son arrière grand père, eut un jour linfortune de se trouver sur le chemin dun trafiquant desclaves en maraude sur les rivages du Mozambique, à la recherche de juteux profits commerciaux ; mais aucune étude ne pourra vous préciser le lieu exact où sopérèrent pendant plusieurs décennies ces ravages, et peut-être quun jour un livre de bord, quon aura retrouvé chez un riche négociant de Bordeaux, nous apprendra til un peu plus sur les conditions et lieux de ces captures. Vous pouvez cependant, en attendant et sans y être jamais allé, grâce à la magie dinternet et de « Google Earth », vous promener le long de ces 1700 kilomètres de criques, de plages et de mangroves de la côte du Mozambique, et imaginer ces scènes barbares de poursuites, de razzias et denlèvements, que le cinéma a immortalisées dans des films culte comme « Racines ». Depuis, certains historiens ont évolué dans leur approche théorique sur lorigine des esclaves de La Réunion et avancent lhypothèse que certains dentre eux seraient peut-être venus du cur même de lAfrique, doù ils auraient été capturés par des tribus ennemies, puis, après une longue traversée du continent, vendus aux commerçants négriers de la côte. Peut-être que les esclaves se sont-ils transmis oralement la mémoire de leur pays dorigine mais ces récits, non figés dans lécrit, ne sont pas parvenus jusquà nous.
Félicité na pas fait ce long et éprouvant voyage terrestre et maritime. Mon propos daujourdhui se circonscrira donc à vous relater, mais puis-je dailleurs faire plus, quelques épisodes de sa vie desclave ici, à La Réunion, ou tout au moins ce que les archives la concernant me permettent den dire. Je mesure la difficulté de lexercice, non pas parce la documentation se rapportant à une telle étude est par essence peu fournie, mais surtout parce que le sujet est sensible : Etes-vous amené à évoquer tel acte de maltraitance à légard dun esclave ? Vous seriez immédiatement accusé dexhumer un passé quil est plus que seyant doublier. Souhaiteriez-vous au contraire mettre en avant un geste de grande humanité dun maître envers son esclave ? Vous seriez alors taxé de révisionnisme ! Sans complaisance pour les tenants de lune ou de lautre thèse, jentreprends donc mon récit en vous emmenant à Saint Paul, là où tout commença pour Félicité, en espérant secrètement que sa nombreuse descendance voudra bien mabsoudre davoir raconté leur histoire hors des sentiers battus de lorthodoxie.
Félicité est une des esclaves de Jean baptiste Cerveaux, un habitant des hauts de Saint Paul, fils de Antoine Cerveaux (1729/1804), descendant de Edmé Cerveaux dit Champagne (1697/1746). Edmé Cerveaux, né à Epineuil dans lYonne le 15-08-1697, fils de Robert Cerveaux, vigneron, et de Marie Liegeot, est lancêtre de tous les Cerveaux de La Réunion. Quatre de ses fils (Laurent, Antoine, Edmé et François) sont venus sinstaller dans une zone connue aujourdhui sous le nom de Bois De Nèfles Saint Paul, de part et dautre de la ravine Bassin, entre la ravine La Forge et la ravine Précipice. Cest une localité que les familles Odon connaissent bien puisque leurs ancêtres, un siècle après les Cerveaux, viendront eux aussi sy installer, chassés par les catastrophes qui affectèrent Salazie à la fin du XIXème siècle.
Mais Félicité na pas toujours vécu dans cette famille. Un faisceau dindices, recoupant entre les déclarations des frères Cerveaux et létat civil des esclaves de Saint Paul, mamènent à établir que Félicité serait née dans cette commune le 27 août 1770, sur la propriété de Raynaud de Belleville, un riche propriétaire originaire du Languedoc, possédant alors près de soixante dix esclaves, marié à une créole du terroir, Marie Hibon. En application du Code Noir, alors en usage dans lîle, vous ne connaitrez jamais le père de Félicité, mais uniquement sa mère, Julie, alors âgée de 32 ans, esclave de Raynaud. Les rapports entre le maître et lesclave paraissent alors plus que cordiaux puisque Félicité a pour marraine la propre fille de Raynaud, Marie Catherine. Une seule ombre à ce tableau : sa mère tombera malade quelques années plus tard (son propriétaire la déclare invalide au recensement de 1778). Vint ensuite léprouvant moment de la séparation : vers 1785 Raynaud vend ses esclaves aux frères Cerveaux, qui à leur tour les répartiront entre leurs héritiers. Julie se retrouve chez Laurent et Félicité chez Antoine(le plus riche de la fratrie puisquil possède 26 esclaves), puis, par dévolution successorale, chez Jean Baptiste Cerveaux. Il faut bien entendu lire cet itinéraire avec circonspection tant sont volatiles les informations que vous tirez parfois des recensements. Elles étaient néanmoins suffisamment convergentes pour mincliner à vous décrire sous cet angle là, et sans trop tomber dans lerreur, notre personnage et son parcours.
A défaut dêtre plus affirmatif sur les origines de Félicité, je vous apporterai des renseignements mieux étayés sur son cadre journalier de travail. Au moment où je vous ouvre la demeure des Cerveaux, en 1823, Félicité est depuis longtemps déjà un monument au sein de cette famille : le maître des lieux est à peine plus âgé quelle (il est né en 1766), son épouse Géneviève Grosset est née la même année que Félicité, mais surtout Félicité a vu naitre (et certainement aidé à naitre) tous les enfants du couple : Marie Héloïse en 1795, Jacques Moïse en 1797, Marie Elisabeth en 1802, François Rieul en 1803, Antoine en 1808, Agricole en 1810 (décédé à 6 ans) et Elzéard en 1816. Ils resteront tous sur le domaine familial après leur majorité et continueront à lhabiter même après leur mariage ! Cette proximité avec la famille et les événements familiaux ne dispenseront toutefois pas Félicité dêtre affectée « à la culture » ou « à la pioche » avec ses autres compagnons dinfortune, dont le nombre varie au gré des recensements annuels : Thomase, Melon, Jean-Louis, Etienne, Lucile, Proba, Léocadie, Sylvain, Jean-Pierre, Ditri, Sérophie, Marie Rose, Sidon, ainsi que dautres enfants en bas âge qui viendront progressivement grossir leurs rangs : Florine, Pierre, Félicienne et Estel.
Vous prendrez soin dajouter à cette liste Gédéon, le propre fils de Félicité, quelle porte sur son dos quand elle se rend aux champs, à la manière des femmes africaines daujourdhui. Gédéon est né en 1814, selon la déclaration faite par Jean baptiste Cerveaux en 1815, mais vous conclurez à des dates différentes, entre 1803 et 1814 si vous vous référez à dautres documents, et je nai malheureusement rien trouvé dans létat civil des esclaves de Saint Paul qui nous permettre darrêter une date de naissance plus précise. Son père se prénomme Jean, né vers 1760, selon la déclaration dAntoine Cerveaux, son propriétaire, en 1787. Je ne pourrai vous en dire plus sur lui car il existe deux esclaves chez Antoine Cerveaux à porter ce prénom, tantôt décrits comme créoles, tantôt comme malgaches ou cafres. La présence de Gédéon aux côtés des autres enfants nest pas elle non plus toujours continue et facile à cerner, eu égard à la versatilité des déclarations que jai évoquée plus haut, mais, adulte, on le retrouve régulièrement aux travaux des champs avec les autres esclaves de Cerveaux Jean Baptiste .
Leur espace de travail est un terrain situé entre la ravine Bassin et la ravine Précipice, de 5 gaulettes sur 400, soit une étroite bande de terre de 25 m de large sur 2000 de haut ( !), ce qui mamène à déduire que les esclaves devaient faire plusieurs fois par semaine des aller-retour quotidiens jusquà la ligne daltitude 1000 pour cultiver ce que le Cerveaux savent faire depuis trois générations, et que vous retranscris tel que je lai trouvé : « caffé », « mahi », « pois du cap », « arricot », « ambrevattes » et « manioque » (la culture du « ris » et du « bled » ayant été arrêtée depuis Antoine Cerveaux), sans pouvoir vous préciser si cette orthographe était inspirée dépoque ou de la plume du recenseur. Un peu plus tard cette propriété sagrandira dun deuxième petit terrain de 75 m par 300, au même lieu, et la famille se concentrera sur la culture du maïs (dont ils arrivaient à produire jusquà 800 tonnes par an) et celle du café. Vous noterez quil ny a pas encore de canne à sucre en ces lieux en 1823. Les esclaves doivent aussi nourrir et entretenir des animaux de ferme, même si le cheptel a quelque peu diminué depuis lépoque où le père Antoine Cerveaux possédait quatre vaches, deux veaux, quinze cabris, vingt huit cochons et deux chevaux. Enfin vous devez savoir que Gédéon et ses compagnons réparent de temps à autre le chemin communal de Bois de Nèfles, au titre des « journées de noirs » que les habitants doivent à la collectivité pour lentretien des espaces publics. Je suis sûr pour ma part que vous féliciteriez ces infatigables travailleurs si vous connaissiez mieux la configuration des lieux : la partie basse, en dessous du chemin de ligne, est un chaos de blocs de galets qui, aujourdhui encore, résiste aux plus modernes des brise-roches. Il ny poussait, quand jy allais, enfant, quune végétation rabougrie et de rares pieds de vavangues et de zattes brulés par le soleil. Il ny survivait que dagressifs caméléons à tête rouge. La partie haute, la plus cultivable, exigeait en contrepartie davoir des aptitudes affirmées à la randonnée en moyenne montagne, et ce nest dailleurs pas pour rien quun hameau à la même altitude sappelait « Martyre » ! Lorsque vous roulerez sur lautoroute des Tamarins à hauteur de Savanna, donnez-vous la peine de regarder vers la montagne et vous pourrez vous persuader par vous-même de la difficulté de vivre en ces lieux en 1820. Une seule consolation (si lon peut dire) : cette peine était partagée par tous, blancs comme noirs.
Voilà donc le quotidien de Félicité. Petit à petit cependant, et quand bien même les recensements la disent toujours affectée aux plantations, Félicité développe un talent pour lequel elle a montré par le passé quelques aptitudes : elle officie comme sage femme dans le village et continuera es-qualité tout le reste de sa vie durant. Nous ne pouvons douter quelle exerce cette activité avec la complaisance appuyée, sinon la forte complicité, de Mme Cerveaux. Nous doutons encore moins quelle soit devenue désormais indispensable à toutes les familles des lieux. Vingt et un siècle après Platon, ne nous rappelle telle pas ainsi la célèbre dialectique du vieux philosophe : « le maître est lesclave de lesclave » ?
Mais cette description de lunivers de Félicité serait incomplète si je ne vous disais que Jean Baptiste Cerveaux a indiqué dans la colonne de droite de sa déclaration de 1823 que tous ses esclaves étaient vaccinés ! Mon premier élan à la lecture de ce document est de saluer lavènement dune ébauche de code de travail que je croyais absent des préoccupations de lépoque. Puis je réalise que Pasteur ninventera son premier vaccin que soixante années plus tard et découvre ainsi que notre île, pourtant si isolée et que je mimaginais ignorante des découvertes faites en Europe à lépoque, protégeait déjà ses esclaves contre la variole, en leur inoculant le virus de la vaccine, une technique promue par Jenner à peine trente ans auparavant ! Vous nêtes cependant pas au bout de vos surprises si je ne vous relate pas cette inspection impromptue que reçut en mai 1841 un lointain mien cousin, Louis Michel Merceros, forgeron à la Rivière des Marsouins à Saint Benoît, décidée par la haute magistrature de lîle sur les conditions de vie des esclaves[1]. Tout fut passé en revue lors de cette inspection diligentée par le substitut Lacqueray de Valménier : les vêtements de rechange, les horaires de travail (« du lever au coucher du soleil » avec deux heures de repos par jour), la salubrité des cases et lexistence de jardins privatifs, la nourriture distribuée (75 décagrammes de riz ou un kilo de maïs moulu par jour), les instruments de punition (fouet, bloc ou prison), la santé, lenseignement de la religion, les plaintes pour mauvais traitements formulées par les esclaves etc. Quelques rares moments de sollicitude administrative dans un vaste océan de servitude, mais sollicitude tout de même ! Dois-je vous dire que Louis Michel Merceros nobtint pas 10/10 ce jour là à cette inspection, en particulier à la rubrique « logement » où il fut noté que les cases et les jardins des esclaves étaient négligés, et la partie « instruction religieuse » jugée presque nulle ? Sa veuve, Antoinette Marie Suzette, ma laissé un bien meilleur souvenir, qui stipula dans son testament[2]: « La nommée Jeanny, cafrine, âgée denviron vingt six ans, mon esclave, domestique, mayant toujours servi avec fidélité, zèle et affection, je veux et entends quelle soit affranchie de toute espèce de servitude au jour de mon décès, et, pour quelle ne soit à charge de personne, lui assure par le présent une rente viagère de soixante francs par mois, que mes héritiers seront tenus de lui payer comme aussi de lui fournir un logement pendant sa vie ». Si cette générosité vous émeut, vous devez alors savoir que Félicité eut un traitement encore meilleur, car elle fut, rien moins, affranchie par son propriétaire dès 1840, soit huit ans avant labolition.
Cette décision a muri progressivement : après le décès de Jean Baptiste Cerveaux en 1827, sa veuve se retire progressivement de ladministration de ses biens, confiant la poursuite de lexploitation à ses enfants à qui elle cède tous ses esclaves dès 1838, à lexception de Félicité. Elle établit alors pour cette dernière un dossier daffranchissement, comme lexigeait en pareil cas la réglementation, afin de vérifier que lesclave libéré avait les moyens minimum de sa subsistance. Après délibération du Conseil Privé du gouverneur, avis du procureur du Roi et de la municipalité, ce dossier fut accepté et Félicité fut affranchie le 31 août 1840 [3]. Il vous faut noter que cet arrêté fut assorti, moment hautement solennel, dun nom : Félicité sappela désormais Félicité Savouray et son métier de sage femme y fut en même temps officialisé. Je ne pourrai jamais vous dire qui commandita ce nom, de Mme veuve Cerveaux ou de ladministration royale, mais ce ne dût pas être ce jour là le plus important de lévénement. Ainsi sachevèrent soixante dix années dune vie de servitude. Félicité continua à demeurer chez son ancienne maîtresse pendant dix ans encore et sy éteignit le 04-11-1850. Mme veuve Cerveaux Jean Baptiste ne lui survécut que deux mois. Unies dans la vie, unies dans la mort, elles nous ont laissé par ce signe une grande marque de fidélité et damitié dont nous parlent peu nos livres dhistoire.
Tout à mon récit de la vie de Félicité je nai pas négligé son fils Gédéon, disparu depuis 1837 des recensements de Mme Vve Cerveaux. Mes recherches auprès des héritiers de Jean Baptiste Cerveaux ne mayant pas permis de le localiser, jai pensé pendant longtemps que Gédéon avait pris le maquis pour rejoindre ses congénères, en fuite dans le massif des Bénares, lieu historique du marronnage, là même où les historiens affirment avoir découvert le camp du roi Phaonce, ce légendaire fugitif dont les expéditions nocturnes terrorisaient, dit-on, les populations blanches du littoral. Du Grand Bénare Gédéon aurait-il alors gagné la forêt du Tapcal dans les hauts de lIlet à Cordes, pour y faire sa demeure et se soustraire définitivement à lesclavage ? Ne sexposait-il pas ainsi inutilement, dix ans avant labolition, au mousquet de la maréchaussée ou des chasseurs de primes ? Il me fallait en savoir plus et éplucher un à un les 1000 recensements de lannée 1839 des ménages Saint Paulois. Je découvris ainsi que notre ami nétait pas bien loin, à une centaine de mètres tout au plus, chez Paulet Michel, un agriculteur possédant une propriété de 122m sur 731 « entre la ravine Bassin et son bras », ainsi quun autre terrain de 15m sur 2192 entre cette même ravine Bassin et la ravine Laforge. Je nai en revanche trouvé aucun acte de cession expliquant la présence de Gédéon sur cette habitation. En 1842 Paulet donne la description suivante de Gédéon : né vers 1807 (date qui sera confirmée ultérieurement par Gédéon lui-même), de type cafre, cheveux crépus, taille 1m515 (à lépoque on mesurait jusquau millimètre), un bouton sur le nez. Ces mentions sont bien entendu interdites aujourdhui dans les fichiers : je vous les donne pour mieux connaitre notre personnage et espère que vous ny verrez aucune forme de racisme. En ce qui concerne les tâches quotidiennes des esclaves, je nai pas le détail précis des cultures de Paulet Michel mais, comme vous connaissez maintenant mieux que moi la géographie des lieux et la météo qui y règne, vous pourrez imaginer facilement à quoi et sur quoi Gédéon sest éreinté léchine pendant une décennie.
Puis Gédéon disparait à nouveau de mon champ de vision vers 1845, mais cette foi-ci je ne vais pas le chercher dans dhypothétiques camps de marrons, car je sais où le trouver : tapi le soir après le travail dans les carreaux de cannes proches (car la canne à sucre commence alors à dessiner nos paysages), notre homme guette celle qui, depuis le début de lannée 1846, hante ses nuits et se rêves : une certaine Clémance, née en 1828, esclave ainsi que sa mère Pauline, fille naturelle dUrsule, de Grosset Elisien. Ce dernier possède une plantation entre les ravines Précipice et Tête Dure, de vingt mètres de large et montant jusquau sommet. La mère et la fille y sont servantes. Gédéon et Clémance semblent être faits lun pour lautre : identité de destin, même taille, autant déléments qui ne peuvent que les rapprocher. Aussi la jeune fille reçoit-elle cinq sur cinq les messages enflammés de son prétendant, et ce qui nétait jusquici quun amour platonique débouchera quelques mois plus tard sur la naissance dune petite Marceline, dont je vous ai retrouvé lacte de naissance n° 161, intitulé « Marceline, au sieur Grosset Elisien » : « lan 1847, le treize juillet à trois heures de laprès midi, le sieur Grosset Elisien, cultivateur, nous a déclaré par écrit que la nommée Clémence, créole, âgée de dix neuf ans, domestique, son esclave, inscrite au vingt troisième registre matricule sous le n° 6778, était accouchée le dix de ce mois, à trois heures de laprès midi, dune fille qui a été nommée Marceline, et avons signé, dont acte ».
Gédéon aura à peine le temps de savourer ce bonheur familial quun autre événement interviendra lannée suivante, le vingt décembre 1848, plus important celui-ci, puisquil scellera à jamais son destin dhomme libre. Nul ne saura nous dire si ce jour-là ils ont pu louer une charrette pour aller festoyer au Barachois à Saint Denis avec tous les esclaves libérés, mais votre imagination vous a certainement déjà dicté que le carry de tangues a dû être partout au menu ce soir là, copieusement arrosé de mandoze comme il se devait. Pour la circonstance notre couple du jour arborera pour la première fois de leur vie un nom : Gédéon devient Ledoux Gédéon, et Clémance : Golville Clémence. Vous avez lu dans un précédent billet que ces noms étaient attribués par des recenseurs municipaux sur la base dune logique et dune motivation qui nont jamais pu être décryptées finement, aussi me garderai-je de les expliciter. On peut supposer tout de même que le nom de Gédéon devait renvoyer sans doute à son caractère conciliant et modéré, disposition qui navait pas échappé à son recenseur et qui lui valut donc ce patronyme plutôt flatteur.
A linstar dune grande majorité desclaves découvrant la liberté en 1848, Gédéon ne déménagera pas des lieux où il a connu la servitude. La preuve nous en est apportée par la naissance de ses deux autres enfants, Pauline et Marcelin Gabriel, nés tous les deux sur la propriété de Grosset Elisien. Pour la circonstance il vous faut noter que ce dernier nest plus propriétaire mais « engagiste » de Clémence, et que sa propriété sest vraisemblablement étendue jusquau Guillaume. Pauline est née le 29-03-1850 « en la demeure de son engagiste, situé à lendroit appelé le Bois De Nèfles », et Marcelin Gabriel le 14-07-1852 « à lendroit de cette commune appelé Le Guillaume ». Puis le couple et toute la belle-famille (Pauline et son mari, Ursulin Paul Asile) déménagent vers la Grande Ravine à Trois Bassins, chez un cultivateur de Saint Leu, Mercher Victor Amédée, qui leur offre semble til à tous un contrat plus avantageux. Une quatrième naissance survient en ces lieux, celle dHermance, le 11-10-1854, puis le couple arrête la décision de se marier le 24-10-1855. Ce mariage, célébré à Saint-leu puisque Trois Bassins nen est pas encore détaché, est une date clé dans lhistoire de Gédéon, car il y donne des informations sur létat civil de ses proches qui me permettront de remonter sa généalogie et de vous signer les présentes lignes. Au passage il légitime ses quatre enfants qui porteront donc désormais le nom de Ledoux.
La suite de la vie de Gédéon est lhistoire dune longue itinérance dans la région de Trois Bassins, comme si notre héros ne trouvait pas sa place ni son bonheur chez le même employeur : en 1858 il migre comme colon (ou engagé) chez Galasse Elixène, en 1864 chez Frédéric Ringwald, en 1866 chez Aldabert Raux puis en 1870 à nouveau chez Frédéric Ringwald. Un gout prononcé certainement pour une existence sans entraves, quil nous serait difficile de lui reprocher après le film que nous venons de dérouler de sa vie ! Mais ce nest pas de ce nomadisme là que je veux vous parler car, dès 1856, il se produit un événement dans la vie de Gédéon dont ses descendants mâles porteront la mémoire jusquà la fin des temps : Gédéon Ledoux ne se contente pas de déménager, il change de nom et devient progressivement Gédéon Odon. Laffaire éclate à mes yeux le 28-11-1856 lorsque Gédéon déclare la naissance de sa fille Félicité à la mairie de Saint leu, en présence et de ses deux témoins, Fabien Couchan et Bélizaire Lebry, et de ladjoint au maire Armand Mutuel. Ce jour là le nom de Gédéon sécrira Odou, et on retrouvera également ce nom sur lacte de baptême de la petite Félicité, rédigé par le révérend père Gabou, curé de la paroisse de Trois Bassins, le 7 décembre suivant. Difficile donc dimaginer que tout ce monde, atteint simultanément dune surdité passagère, aurait été abusé par la proximité phonique entre « Gédéon Ledoux », « Gédéon Odou ». Cest bien le document que leur a remis Gédéon, un extrait dinscription sur les registres spéciaux de la commune qui, rédigé hâtivement en 1848, a entretenu la confusion et entrainé cette mutation de son nom. Je ne suis pas au bout de mes surprises lorsque je maperçois que, bien avant son mariage, à la naissance de Ursulin Cécilia, la fille de sa belle-mère, le 18-10-1853, Gédéon sappelait déjà Gédéon Odon, et cest le même officier de létat civil, Armand Mutuel, qui a rédigé tous ces actes ! Difficile cependant de tenir grief à ce dernier seul dune mauvaise lecture du document que lui tend Gédéon car son successeur, Michel Constant Leclerc, fera la même erreur en écrivant « Gédéon Odon » huit années de suite dans les registres de la commune : le 21-06-1858 à la naissance de Marie Marguerite Odon, le 15-07-1860 à la naissance de Jean Baptiste Odon, le 09-07-1862 à la naissance de Gédéon Odon fils, le 10-06-1864 à la naissance de Augustin Odon, le 18-06-1864 au mariage de sa belle sur Estelle avec Ribecq Jean Pierre, enfin le 01-07-1866 à la naissance de Marie Rose Odon. Vous avez bien sûr compris que je ne suis pas en train dinstruire un procès contre Gédéon pour usurpation didentité : il nexiste aucune propriété patronymique ou marque déposée sur ce nom « Odon », qui na été à lorigine à la Réunion quun prénom, porté par des enfants libres ou des esclaves. En existerait-il dailleurs que nous ne serions pas fondés à le lui opposer, quand on sait la façon arbitraire dont lui a été attribué son propre patronyme et qui justifierait à elle seule, si tant est que cela soit le cas, quil veuille en changer. Je voulais juste par là vous faire part de mon étonnement quand, voulant remonter la piste de mes ancêtres, jai rencontré un jour cette famille Odon que je ne connaissais pas, dans les recensements et les listes électorales de la section spéciale de Trois Bassins. Poussé ensuite par la curiosité jai entrepris létude de leur généalogie à eux aussi, et cest ce qui ma conduit devant vous aujourdhui. Mais je nai pas épuisé là lénumération de ces turbulences patronymiques : dans le même intervalle de temps où Gédéon baptise ses enfants « Odon », létat civil de Saint Leu lui attribue par deux fois le nom « Ledoux », ainsi le 15-09-1864 au mariage de sa fille Marceline avec Berby Jean Baptiste et le 08-07-1868 au mariage de son autre fille Pauline avec Floramir Ernest ! Personne à la mairie de Saint Leu ne semble alors remarquer ces étranges va-et-vient. Cette métamorphose administrative, certainement bien involontaire de la part de Gédéon et de son épouse, qui ne savaient pas lire, prendra fin le 10-12-1870, à la naissance de leur dernière fille Jeannette. Cest un nouvel adjoint au maire, Berthaut Joachim Denis, qui préside ce jour là la séance. Lit-il plus attentivement lextrait dacte que produit Gédéon ? A-t-il été alerté par ces incompréhensibles et erratiques mutations de nom dans les registres de sa commune ? Cest décidé : Jeannette ce jour là sappellera Ledoux et gardera pour le reste de sa vie ce nom, comme vous pourrez le vérifier à son acte de mariage le 21-10-1889, et Gédéon reprendra désormais son ancienne identité, notamment au mariage de sa fille Hermance avec Caparin Adolphe le 23-09-1876 et, événement plus tragique, au décès de son épouse le 24-12-1872.
Gédéon possède une descendance « Ledoux » de par le mariage de son fils Marcelin Gabriel avec Cafarin Anaïs le 20-11-1880 à Trois Bassins. Il possède une descendance « Odon », plus nombreuse, par ses trois fils Jean Baptiste, Gédéon et Augustin. Jean Baptiste a épousé Telon Louise qui lui a donné trois garçons : Julien en 1886, louis Joseph en 1888 et Jules en 1899. Gédéon fils a épousé le 24-11-1885 Adrien Joséphine qui lui a donné deux garçons : louis en 1891 et Pierre en 1895. Augustin a épousé le 25-10-1887 Mola Marie Justine qui lui a donné quatre garçons : Adrien en 1897, Marcelin Auguste en 1898, Louis en 1899 et Jean Baptiste en 1902. Ces familles Ledoux et Odon de Trois Bassins ignorent sans doute aujourdhui quelles descendent du même patriarche, né vers 1807 à Bois de Nèfles Saint Paul sur la propriété de Jean baptiste Cerveaux. Puisse cet essai leur remémorer leur histoire commune et rappeler à tous que lhistoire des esclaves de la Réunion ne se résume pas à un nom et ne commence pas en 1848 !
Je navais pas programmé de terminer mon récit sur la mort de Gédéon car, à limage de son acte de naissance resté secret, je navais jamais pu à ce jour trouver son acte de décès et imputais cet échec, trop hâtivement peut-être, à la séparation intervenue en 1897 entre les communes de Trois Bassins et de Saint leu. Javais pendant des semaines, mais en vain, alerté un service dentraide généalogique à Aix en Provence, là où sont conservées les archives de loutre-mer, afin de mettre la main sur cette pièce essentielle qui maurait permis de vous dire sous quelle identité Gédéon a quitté notre monde. Comme toujours mon imagination fantasque mavait emmené trop loin. Jaurais dû le chercher chez un de ses enfants, ainsi que cest le cas pour la plupart des gramounes à la Réunion à la fin de leurs jours, et cet donc chez son gendre Berby Jean Baptiste Hyacinthe, à Hermitage les Hauts, que je lai retrouvé, à quelques heures de clore ce récit. Il sy était retiré après la mort de son épouse et cest là quil sen est allé le 25-01-1891. Vous voulez que je vous dise : il aura épuisé jusquau bout les fonctionnaires de létat civil. Sur son acte de décès[4] il est indiqué quil sappelait « Gédéon Odoux » !
Sur ces pages qui se ferment, et sur ces illustrations dAntoine Roussin qui me semblent coller parfaitement au décor de ta vie, je te dis donc adieu Gédéon. Tavouerais-je limmense plaisir que jai éprouvé à retracer ton histoire, quant bien même les mois de recherche que ce travail a nécessités ? Mais comprendrais-tu ma grande déception si je te disais quaux Archives Départementales de la Réunion je rencontre si peu de descendants desclaves à la recherche de leurs origines, comme si ce trésor historique devait être laissé à lappétit de quelques initiés seulement ? Et tu mesurerais certainement ma profonde révolte si je te disais que je ny ai jamais croisé non plus ceux qui, depuis des décennies pourtant, se sont fait métier de conter aux Réunionnais lhistoire et le destin du peuple créole.
Fait à Saint Denis de la Réunion le 30-10-2010
Jean-Claude Odon ( jcodon@wanadoo.fr)
Sources : Je naurais pu écrire ces lignes sans les sources suivantes qui mont largement inspiré, et dont je remercie les auteurs :
– Camille Ricquebourg : Dictionnaire Généalogique des familles de lîle Bourbon
– Le Cercle Généalogique de Bourbon et sa banque de données
– Pierrette et Bernard Nourigat : recueils sur les affranchissements des esclaves avant et en 1848
– Régine Crasson de Balbine qui ma fourni lacte de décès de Félicité, introuvable à La Réunion
– Archives numérisées de lYonne : naissance de Cerveaux Edmé
– Et des sources diverses aux Archives Départementales de La Réunion : recensements des familles de Saint Paul de 1778 à 1848, état civil de St Paul, St Leu et Trois Bassins, notaires de St Paul et de St Benoît, juge de paix de St Benoît, Conseil Privé du Gouverneur, Bulletins Officiels de La Réunion etc.
///////////////// ..
[1] Voir ADR 603W109
[2] Voir Me Vetter, 12 août 1845
[3] Bulletin Officiel de lannée 1840, page199, en libre consultation aux Archives Départementales de La Réunion
[4] Voir ADR : décès 1891, St Paul, acte n° 46
Chers Amis,
Une longue, très longue, trop longue incertitude sur lorigine dAntoine PAYET na jamais cessé dexister
En effet, si lon sen tient à lextrait de baptême de celui-ci indiquant son origine à St Priest la Roche dans le département de la Loire, village situé à quelques kilomètres de Roanne à proximité dune des boucles des Gorges de la Loire, nous trouvons cet acte numérisé (Archives de la Loire Registre Paroissiaux Baptêmes années 1622/1660 page 30) dont photocopie ci-dessous : (voir le f de fils, de fayet et de femme !)
Or, daprès celui-ci, Antoine PAYET na jamais existé en tant que tel, mais il sagit dAnthoine FAYET. En effet, la lettre initiale nest pas un p, mais un f, le rédacteur de lépoque na pu faire confusion, comme en témoigne lacte de baptême ci-dessous de Jehan, frère ainé dAnthoine acte ci-dessous datant de 1635 dans lequel on retrouve les mêmes caractéristiques concernant le f de fayet :
Dautre part, dans lacte de baptême dAnthoine, on remarque la forme dun p dans le nom de la paroisse de Saint Priest qui ne peut être en aucun cas confondu avec un f.
Que sest-il donc passé, la langue dAnthoine a-telle fourché lors de son inscription dans les rôles de son inscription ou avait-il quelques chose à cacher ? quoiquil en soit, ce nom adopté lui restera et son surnom de « la Roche » vient-il de son origine ?
Dautre part contrairement à son frère Jehan, on ne trouve aucun acte de mariage ou de funérailles dans les registres de St Priest, il semblerait donc quAnthoine ait « quitté » le pays.
Mais alors, tous les PAYET de la Réunion, de Madagascar et autres lieux descendants dAnthoine ne devraient-ils pas sappeler FAYET, ou bien Antoine PAYET na jamais vu le jour à St Priest la Roche !!!
Existe-t-il en dernier recours la possibilité de consulter les registres dengagement dans la Compagnie des Indes susceptibles de donner enfin quelque lumière ??
Jacques PASSOT ©
Adh : 784
Quand jai vu les photos dIgnace RIVIERE dans le salon de cette tante par alliance, je nai pu mempêcher de me poser des questions sur la vie de cet homme, engagé dans une guerre mondiale et après en avoir réchappé, menant encore des combats pour assurer sa vie et celle des autres. Grâce à la famille et aux historiens, jai essayé e reconstituer quelques moments de sa vie.
Joseph Ignace RIVIERE est né un 1ermars 1893 à 10 h du soir à Cilaos (île de La Réunion, alors Colonie). Il y termine sa vie après 97 ans de bons et loyaux services envers sa patrie et sa famille. Sa famille, cest aussi la population de Cilaos elle-même car son métier de « jardinier » fait de lui un familier.
Ignace fils de Donat Riviere et de Marie Joséphine GONTHIER fait partie de ces hommes qui crée le cirque. Lhistoire de Cilaos commence avec les Marrons qui sy installent dès le début du 18 e s. et lui donnent son nom : « le pays que lon ne quitte pas ». Le 19 e siècle voit larrivée des premiers habitants « légaux » tel que Figaro qui reçoit lIlet-à-Cordes pour avoir trahi les esclaves mutins de St-Leu en 1811. Puis on verra les Dalleau, Dijoux, Grondin, Lauret, Picard et autres sinstaller sur ces hauteurs escarpées et essayer de survivre avec la seule force de leurs bras et de leur mental.
Ignace dont la famille vit à Brûlé Marron va à lécole publique de Cilaos à pied chaque jour (20 minutes encourant comme un cabri). Il fait partie des 65 élèves de la classe unique de M. NICOAS qui essaie de rivaliser avec lécole des Surs. Il obtient son Certificat détudes à 11 ans et demi, ce qui est une performance pour lépoque car lanalphabétisme règne en maître sur cette île et particulièrement dans les coins reculés. « On était 23 élèves, jai été reçu deuxième. Les résultats ont été annoncés par télégraphe parce que lexamen était corrigé à Saint-Louis. » Mais ces parents-là sont différents car ils veulent que leur onze enfants aillent à lécole. Et quand on pense que lhabitat à cette époque était constitué de paillotes, on ne peut que tirer son chapeau.
La famille dIgnace est paysanne, mais à loccasion on se fait porteur des villégiaturistes qui montent se faire une santé aux thermes. Les familles riches de lîle Maurice y venaient en nombre non négligeable. Relisons la lettre dun abonné de Cilaos paru dans « La Patrie Créole » de 1910 : « Depuis une quinzaine dannées je fréquente la station thermale de Cilaos et cest toujours avec le même plaisir que je revois ces sites merveilleux, dont le seul spectacle suffit au relèvement physique et moral des malades Durant la dernière saison, et actuellement encore, toutes les maisons sont non seulement occupées, les hôtels comblés,mais les maisons de chaume elles-mêmes sont louées par des retardataires. »
Adolescent Ignace se souvient avoir vu la comète de Halley : « Cétait le soir et il faisait noir, mais cétait une lumière qui éclairait comme un phare la Terre. »
Il a 17 ans quand a lieu la « jacquerie » de Cilaos durant laquelle un groupe de paysans pauvres réclame la distribution gratuite des terres. Voici ce quécrit « La Patrie Créole » le samedi 27 août 1910 : « Les habitants sétaient insurgés lannée dernière et avaient mis le feu aux forêts dont ils avaient la prétention de semparer ; la faiblesse administrative leur a donné raison et aujourdhui ils se croient tout permis Ils préfèrent couper du bois quils vendent aux baigneurs et aux boutiquiers, et aussi et surtout des palmistes et à prendre des merles et des petits oiseaux quils viennent vendre, entre chien et loup, aux villégiaturistes à la tombée de la nuit. »
Mais il ny a pas que les feux de forêt de Cilaos qui font peur à certains. En Europe aussi couvent les feux de la guerre. Dans un article intitulé « Le péril allemand » du 17 février 1910 La Patrie Créole rapporte les mots de Maximilien Harden dans le « Zukruft » : « Que lAngleterre permette aux Allemends détablir leur hégémonie sur lEurope et il y aura la paix En 1920, lAllemagne aura 73 millions dhabitants, il nous faut de la place, sinon elle mobilisera ses forces contre vous, et cest à vos dépens, au prix dune longue et cruelle campagne quelle sagrandira. Vous avez le choix. »
Ignace a 21 ans quand la guerre de 14 éclate. La terrible nouvelle se propage en quelques heures dans toute lîle.
Cette guerre quon croyait éclair va séterniser. Les soldats vont tomber en grand nombre. Les premiers partis de Cilaos au début de la guerre meurent aux champs dhonneur. La commune a gravé leurs noms sur son monument aux morts : Henri Léon BENARD, 23 ans, Joseph Séraphin BOYER, 33 ans, Louis Eugène BOYER, 33 ans, Louis Guillaume RIVIERE, 22 ans pour lannée 1915.
Caserne de Perpignan inaugurée en 1913
Joseph Ignace est mobilisé en 1916 ainsi que son frère Pierre Mathurin plus jeune. Le médecin militaire les a jugés aptes aux missions qui leur seront confiées sous un climat différent et aux conditions précaires du combattant. La France a déjà perdu de nombreux soldats. La famille RIVIERE a le cur lourd de les voir partir. Quand reverra-t-elle ses fils ? Tristesse et amertume. Rapidement il est embarqué sur un transport de troupes, lEl Kantara. Il ne souffre pas du tout du mal de mer. Huit jours plus tard, il débarque à Diègo Suarez où il fait 3 mois de classe. Il rejoint ensuite Marseille, puis il est incorporé au 24ème Régiment dInfanterie à Perpignan. Là, il a la surprise de trouver un sergent-major, ancien camarade à lui de la Rivière-Saint-Louis. Il le reconnaît à peine tout dabord.
Il monte au front dans la région de Lunéville, près de Baccarat, à Bertuisson. Il fait beau, cétait en juin 17. Sa première mission fut de porter un pli dans un bureau à travers la tranchée Il a eu peur de se perdre. Le soir de son arrivée, dans la cagna avec les camarades nouvellement arrivés, ils se déshabillent pour dormir. A dix heures, alerte ! Le sergent veut les faire sortir sur le champ. « Attendez sergent on shabille ! » « Mais ils se croient chez eux ceux-là ! » Il a fallu shabiller en vitesse. Son premier contact avec lennemi reste présent dans son esprit : il a tiré devant lui comme tout le monde et il na rien vu. Un homme sest écroulé en face de lui. Est-ce lui qui a tiré ?
Quelques jours plus tard, dans un bois près duquel les troupes françaises sétaient repliées, un tireur isolé allemand abattait systématiquement les soldats français allant aux lieux daisance, installés dans le bois. Un lieutenant français repère alors le tireur caché en hauteur dans un tronc creux. Les Français tirent, Ignace comme les autres. Il voit lAllemand disparaître dans le tronc. « Il a longtemps gémi avant de mourir. »
Trois fois il montera au front. Une fois dans les Vosges et deux fois à Verdun. Cest là quune torpille explose près de lui. Des camarades sont blessés, dautres ont été tués. Lui na rien. « Cétait comme un cyclone, les arbres étaient brisés partout. On restait huit jours en première ligne puis on repartait quinze jours à larrière. A Verdun on était en réserve de la première ligne, dans des trous individuels. Javais trois copains : DELRUE de Paris, un Bordelais CABRIROUX et FONTAINE de la Rivière-Saint-Louis. Un jour on a vu une petite auto pas plus grande quune table avec un petit drapeau sur laile. Cétait le général PETAIN ;
A Verdun la cuisine était cuite très loin à larrière et il fallait la chercher à pied dans un poste très éloigné. Il fallait la nuit entière pour la corvée : il ny avait pas beaucoup de volontaires pour le faire. Au loin on apercevait le ravin de Douaumont. Cest à ce moment-là que jai été gazé. »
La guerre terminée, ils rentreront en 1920 par bateau comme ils y étaient allés. La Réunion laisse un homme sur dix sur la terre de France. Douze mille rentrent au pays. Pense-t-on aux parents ? Peut-on leur envoyer des nouvelles ? En reçoit-on ?
« Il était défendu de dire où on était. Un jour on avait acheté des cartes postales dans un village complètement ravagé et avec les amis on les avait écrites pour nos familles. Elles ont été confisquées. Les vues des régions de combat étaient interdites. La correspondance arrivait pourtant de la Réunion, les lettres en souffrance étaient affichées sur de grands panneaux, il y avait des colis aussi.
Le jour de larmistice, il était à LEMMES, près de Verdun. « La nouvelle a été subite. On a joué du clairon, les cloches ont sonné. Cétait le matin, on était surpris et après on a su que cétait vraiment lArmistice. Je suis resté à Lemmes jusquen janvier, puis à Marseille jusquen mars 1919. On était 6 000 soldats de la Réunion. On a embarqué sur le « Madonna ». Il y avait 2 000 hommes à bord mais ce nétait pas assez lourd. On avait mis du lest dans les cales. Cétait de la terre. Elle avait été prélevée dans un endroit où on avait enterré des Sénégalais morts de la grippe espagnole. »
On est arrivé le 31 mars 19. On avait mis 20 jours pour revenir. Jai pris le petit « train lontan » jusquà Saint-Louis, ensuite je suis monté à Cilaos en fauteuil. Les parents étaient en bas du village, au Brûlé des Marrons en haut de la dernière pente du chemin, la pente Crève-Cur. La chance avait été pour moi. 55 camarades de Cilaos ne sont pas revenus.
De ce temps, Ignace a gardé deux grands manteaux de drap, ses godillots et ses molletières qui lui serviront encore de nombreuses années. Très vite lépidémie transportée par la Madonna se répand à Cilaos. Cinq membres de la famille dIgnace meurent.
Ignace devient jardinier. Il cultive et vend de tout, le panier de légumes posé sur la tête. Il a toujours sur son dos son « bertel » où il peut mettre des chouchoux ou des fraises ramassées dans la forêt pour sa famille. Les 2000 habitants du début du siècle le connaissent car il passe régulièrement avec ses produits frais, son bazar en somme. Il a le contact facile. La guerre ne lui a pas fait perdre ses qualités dhumain. Il apprend à tout faire et marcher ne lui fait pas peur.
A travers ses pérégrinations, il découvre aux Mares une jeune fille de bonne famille pas plus riche que la sienne. Elle sappelle Marie Onésime ETHEVE, née le 16 juin 1903 et orpheline de père dès lâge de 10 ans. Elle a 21 ans et elle aura remarqué la belle moustache noire de son soupirant. Il pense quelle fera son bonheur. Au bout de six mois de fiançailles, Ignace épouse Onésime ETHEVE. « Pour une demande en mariage, on savait se débrouiller tout seul ! » En septembre 1924, ils sunissent devant Dieu et devant les hommes et se jurent fidélité. « La fête a commencé le samedi chez Onésime, la cérémonie a eu lieu le mardi. Le cortège était comme une colonne de soldats. Tout le monde est venu chez mon père et la fête a continué jusquau vendredi.Bien sûr quil fait encore frais la nuit et quand on se lève, il fait 10 degrés dehors. Mais les hommes en ont lhabitude en altitude : au contraire on se met plus vite au travail. Ils décident dhabiter au Bras Sec, dans une maison semblable à celle de leurs parents. Vont y naître avec une régularité astronomique les 11 enfants du couple.
La première Thérèse, le 30 juin 1925. Elle vit actuellement en France. Puis Joséphine le 14 juin 1927 : elle vit à Cilaos avec une autre sur, Catherine. Ce sont elles qui mont renseigné sur leurs père et mère et la vie de cette époque. François Ignace né le 27 février 1929 est décédé depuis. (Cette même année, le 11 novembre, a lieu linauguration du « Poilu de la Victoire, place de lHôtel de Ville à Saint-Pierre.) Ignace sy est-il rendu ou en a t-il entendu parler ? Cécile a 78 ans et vit aussi en France : elle est née le 16 décembre 1931. (1932 : un arrêté du gouverneur ouvre la circulation sur la route de Cilaos « aux risques et périls des utilisateurs ».) Gertrude Claire est née en 1934 mais est décédée depuis. Marthe, 74 ans, vit à Cilaos. Céline Clovicia en 37. Catherine que jai nommée plus haut est née en 1939. Les jumeaux Jean-Jacques et Joseph Jacob en novembre 42 et la onzième Marie Henriette en 1946.
Voilà une belle famille quil faut élever dans lamour et la fermeté aussi. La vie est dure mais elle sorganise. Joséphine raconte quelle nest allée que deux ans à lécole parce que sa mère a eu besoin delle après la naissance de Céline Clovicia et que la guerre de 39 arrivant, on ne trouve plus de papier pour écrire dessus. On vit encore plus en autarcie et on restreint les besoins. Tout le monde est mis à contribution pour assurer la survie, qui trait la vache pour son bon lait quon boit le matin ou quon mange avec le riz ou le maïs, qui plante les légumes ou désherbe le jardin, qui encore tresse un chapeau avec du chiendent ou du lys pour « parer » le soleil dété.
Joseph Ignace ne se lasse pas de piocher (on le verra pioche à la main à 90 ans), de « gratter » la terre et de planter. Il fait pousser, entre autres, salsifis, choux de Bruxelles, et artichauts. Il fait venir les semences « Vilmorin » par bateau, commandes quil passe deux ou trois mois à lavance. Il cultive aussi des navets, betteraves, des oignons « vétiver ». A cette époque tout ce quon produit est bio. Mais les dons dIgnace sont divers : vin de pêche, de prune, de fraise ou de coing nont plus de secret pour lui. Aurait-il appris ses recettes auprès de ses camarades du régiment ? Le temps passe. A St-Denis de la Réunion naît en 1924 un futur Premier ministre. Cilaos est depuis longtemps le pays du changement dair et laltitude est indiquée pour lutter contre le paludisme. Aussi le jeune Raymond BARRE et sa famille dans les années 30-40 montent dans le cirque en changement dair pour y jouir de la fraîcheur des températures et des vertus des sources thermales. Cest ainsi quIgnace aura loccasion de porter le jeune Raymond BARRE sur son dos et aussi de ravitailler sa famille en légumes en janvier-février, période des grandes vacances scolaires. Dailleurs une certaine amitié naît entre le vieux Poilu et le jeune collégien et une fois devenu Premier ministre[1] ou député, R. BARRE ne manquera pas de linviter lors de ses passages à la Réunion en 1978 et dans le cirque de Cilaos en 1985[2] : nul doute quils ont alors échangé plein de souvenirs. Moments inoubliables pour cet amoureux du contact quest Ignace. Raymond Barre interviewé par Jean-Michel Djian évoque son enfance dans « Mémoire vivante » : Mon île natale compte bon nombre de paysages magnifiques. Et on la parcourait à pied. On montait au Piton des Neiges, à 3200 mètres daltitude, on allait visiter le cirque de Mafate. Tout cela nous procurait des joies intenses[3].
Mais avant tout cela, noublions pas 39-45 : tout va manquer à la Réunion. Les gens feront la queue devant certains commerces pour avoir un bout de manioc ou de tissu. A Bras Sec, Ignace mettra tout en uvre pour subvenir aux besoins de sa famille. Quatre enfants naissent pendant la guerre et après. Il élèvera porcs et vaches, poules et canards pour donner un bout de viande à chacun une fois par semaine. Joséphine se souvient quil y avait « quarante porcs dans la porcherie ou dans la cour et quon en tuait un par mois pour nourrir la famille, les cousins et cousines. Cétait la fête ! »
A la Réunion, région tropicale il ne se passe pas trop dannées sans que les cyclones fichent un coup au moral et il nest pas rare quon ait à enterrer des victimes de ces phénomènes violents. « En 1948, sept personnes dune même famille en meurent au Bras Sec seulement, me confie Joséphine la fille de Joseph Ignace. Notre maison a été emportée en février 1962 par le cyclone Jenny, ajoute-t-elle. On a reconstruit en dur avec de solides moellons. » Ces cyclones laissent de nombreux morts dans leurs sillages.
Dans les années soixante, je vais découvrir Cilaos et son Petit Séminaire car mes parents my envoient. Jy passerai mon adolescence. Peut-être ai-je entraperçu Ignace lors de mes sorties, mais je ne men souviens plus. Cilaos attire, même si la route rocailleuse, étroite, avec dun côté la paroi rocheuse et fragile et de lautre le précipice qui donne sur le Bras de Cilaos fait frémir. Les « Zoreilles » à peine débarqués lempruntent comme le font Pierrette et Bernard NOURRIGAT en 1963. « Jétais alors enceinte de mon aîné, Thierry, et il nétait pas question une fois là-haut de redescendre le lendemain. On logeait au Grand Hotel pour quelques jours », me confie Pierrette qui fréquente assidûment les Archives depuis des années avec son mari. Des touristes, il a dû en voir passer, Ignace et sûrement quil leur a proposé les productions familiales que tout le monde était fier de ramener dans les Bas : raisins de la treille, chapeaux en paille de lis ou de vétiver. Ignace et sa famille ne manquent pas de ressources et de courage.
La vie sécoule tout doucement pour Joseph Ignace. De nombreux événements se sont succédé dans la vie de notre bonhomme. Ses enfants sont depuis longtemps adultes. Le Bon Dieu semble lavoir oublié. Lui ne se départit pas de sa bonhomie coutumière. Mauriciens[4], Européens ou Réunionnais, tout le monde aime à le rencontrer. Cest un vrai phénomène. Sa mise est toujours simple. Sa femme Marie Onésime qui a toujours été discrète partira une dizaine dannées avant lui. Son frère Pierre, Poilu comme lui, meurt en 1984, à près de 90 ans. Ses autres frères et surs, Andrée, Marie, Jeanne, Damien, Léon sont morts aussi.
Ignace ne partira pas avant que des élèves des écoles de Cilaos ne linterviewent sur son passé dancien combattant. Les enfants doivent apprendre, pas seulement dans les livres. Joséphine se souviendra que lun deux en eut un premier prix dhistoire. Alors la guerre ? «Plus jamais ça », aurait dit le vieil homme qui rend lâme le 11 avril 1990 à 97 ans.
Des fleurs décorent la tombe toute simple dIgnace, à Cilaos.
Aujourdhui, il ne reste plus un ancien combattant de la Grande guerre, mais leur vie faite de luttes et de dignité na-t-elle rien à nous apprendre ?
Christian FONTAINE ©
[1] Le Réunionnais Raymond BARRE est nommé Premier ministre le 25 août 1976.
[2] Henri AMOUROUX parle dIgnace RIVIERE dans « Monsieur BARRE » page 27 chez Robert Laffont (1986)
[3] Aujourdhui les Réunionnais sont fiers que Cilaos, Mafate et Salazie fassent partie du Patrimoine Mondial-UNESCO.
[4] Sur la photo , M. et Mme LENOIR, de lîle Maurice, en discussion avec notre vieux Poilu.
Ce soir je vous propose Charles Constantin GAULETTE, né le 7 avril 1713 à Brest, paroisse St Louis, fils de François GAULETTE, originaire de la paroisse St Eloi de Dunkerque, Lieutenant des Vaisseaux du Roi, Capitaine du port du Havre, Chevalier de St Louis et de Anne FREMONT (mariés à Brest, paroisse St Louis le 28 juin 1712)
Il arrive à Bourbon vers 1736, Capitaine de port (1739), Lieutenant sur les Vaisseaux du Roi (1756), il épouse Anne BACHELIER (1718-1791) le 19 août 1738 à Saint-Denis, ils auront ensemble au moins un enfant (Geneviève Suzanne née le 5 juin 1739 à St Denis et décédée le 10 août 1812 à St Benoît)
Il décédera le 30 août 1753 à Saint-Benoît.
Familles pouvant être alliées :
FREMONT – JACQUOT de VILLENEUVE
Sources : Antenne Morlaix CG29 – dictionnaire généalogique L.J. Camille Ricquebourg
Corrections à votre Ricquebourg :
p. 1446
Date de naissance :
Lire 7 avril 1713 (au lieu de « vers 1713 »)
Pas d’acte disponible
Bonne soirée
Généalogiquement vôtre
Claude Rossignol
La rubrique quotidienne des « Primo-Arrivants » de GENBOURBON & IMAUGEN
http://www.racines-des-mascareignes.fr
http://fr.groups.yahoo.com/group/Imaugen/
CGB N°2665
CGPF35 N°259
Bonsoir à toutes et à tous,
Après ces coupures de courant à répétition de ces derniers jours, je reprends ma rubrique et vous propose ce soir Pierre Jacques MILLIERE dit Lépinay, né le 19 mai 1714 à Bray-sur-Seine (Seine-et-Marne), fils de Pierre MILLIERE, compagnon marinier et Marie POPINIAU (mariés à Bray-sur-Seine – 77 – le 23 novembre 1707)
Arrivé à Bourbon vers 1745, Caporal (1745), Sergent et Écrivain des troupes, il épouse Marie Hyacinthe SAUBOIS (1737-1768) le 16 février 1751 à Ste Suzanne, ils auront ensemble au moins 4 enfants.
Il décédera à Saint-Denis le 26 janvier 1777.
Familles pouvant être alliées :
SAUBOIS – ROUXEL de SAINT-REMI – ROBERT – DEVEAUX – DUBOURG – ROUSSEAU
Sources : archives départementales de Seine-et-Marne – dictionnaire généalogique L.J. Camille Ricquebourg – relevés C&S Dubard (1810-1850)
Corrections à votre Ricquebourg :
p. 1940
Patronyme :
Lire MILLIERE (au lieu de « MILLIER »)
Date de naissance :
Lire 19 mai 1714 (au lieu de « vers 1713 »)
Père de l’intéressé :
Lire MILLIERE (au lieu de « MILLIER »)
Ajouter compagnon marinier
Mère de l’intéressé :
Lire POPINIAU (au lieu de « SERPIGNO »)
Nota : les descendants porteront le patronyme « MILLIER »
Pas d’allusion à une Marie COMTENT DE PROPIGNO (renvoi 1) (différents actes de baptême et acte de mariage)
Acte à retrouver dans votre dossier habituel
Bonne soirée
Généalogiquement vôtre
Claude Rossignol
La rubrique quotidienne des « Primo-Arrivants » de GENBOURBON & IMAUGEN
http://www.racines-des-mascareignes.fr
http://fr.groups.yahoo.com/group/Imaugen/
CGB N°2665
CGPF35 N°259