Archive for janvier, 2011

La pluie

dimanche, janvier 30th, 2011

 

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La pluie tombe sur la Réunion depuis quelques jours et de belles cascades ornent la falaise de la route du littoral.

Balades à Saint-Paul en 1843

jeudi, janvier 20th, 2011

ANON

J. BARRERE – Curé de St Paul 1841 –1845

 

Blog de balades :BALADES CREOLES, Roue du moulin à Manioc

Pour se balader à Saint-Paul de nos jours :

http://balades.travelblog.fr/r3567/SAINT-PAUL/6/

Pour en savoir plus sur le Docteur LACAILLE :

http://s169033694.onlinehome.fr/2009/02/06/origine-du-nom-lacaillereunion/

Jean Marie BRACONNIER (1787-1870)

jeudi, janvier 20th, 2011

Bonsoir à toutes et à tous, et particulièrement à Annie H,

Ce soir je vous propose Jean Marie BRACONNIER, né le 16 novembre 1787 à Lachalade (Meuse), fils de Jean Marie BRACONNIER, cordonnier (1782), garde des bois de M. L’abbé (1784), garde des bois nationaux (1796) et de Jeanne GARNIER (mariés à Lachalade – 55 – le 30 janvier 1782)
Arrivé à Bourbon en 1806, habitant, domicilié à Saint-Leu, il épouse Marie Joséphine BRUANT, originaire de Paris le 21 octobre 1813 à St Denis, ils auront ensemble au moins 6 enfants :
* Jeanny ° 05 décembre 1814 à St Paul
* Marie Zoé ° 30 décembre 1816 à St Paul
* Eléonore ° 05 février 1818 à St Denis
* Sophie ° ca 1822
* Joséphine Aglaé ° 20 novembre 1824 à St Paul
* Claire ° 15 janvier 1831 à St Leu

Familles pouvant être alliées :

BRUANT – LAURENTIN – LEPELLETIER – PÉAN – HOAREAU – DOURDAINE

Sources : archives départementales de la Meuse et de la Réunion (recensement 1846) – Annie Holzman – relevés C&S Dubard (1810-1850)

Acte à retrouver dans votre dossier habituel

Bonne soirée
Généalogiquement vôtre

Claude Rossignol
La rubrique quotidienne des « Primo-Arrivants » de GENBOURBON & IMAUGEN
http://www.racines-des-mascareignes.fr
http://fr.groups.yahoo.com/group/Imaugen/
CGB N°2665
CGPF35 N°259

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Macatia en 1819

mercredi, janvier 19th, 2011

Bonjour à tous,

A l’heure où on nous parle de peut-être encore augmenter le prix du pain,et à l’invitation de Régine, je vous propose un extrait d’une ordonnance du 28 01 1819 :

 » A l’avenir, nul ne pourra exercer dans la colonie la profession de boulanger, sans une permission spéciale du maire de chaque quartier, visée par le commissaire de marine chargé des détails du service administratif. Cette permission ne sera accordée qu’à ceux qui seront de bonne vie et moeurs et qui justifieront connaître les bons procédés de l’art. Ils devront en outre justifier, dans le premier trimestre de chaque année, qu’ils font leur approvisionnement de l’année, et se soumettre à avoir constamment en réserve dans leur magasin un approvisionnement de blé relatif à la quantité de pain qu’ils s’engageront à fournir journellement, et qui devra pourvoir au service de 3 mois.

Les boulangers seront divisés en 3 classes :

– ceux qui fabriquent le pain blanc et pain bis pour la consommation habituelle de citoyens.

 – ceux qui ne fabriquent que du pain fantaisie, et souvent ne font que manutentionner la farine qui leur est délivrée par des particuliers.
 

– ceux qui ne font que du pain de son appelé « macatia » pour les noirs. »

Bon appétit

Marie-Claude KOUDRIATCHEFF

__._,_.___

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Charles François COACAUD (1742-1806)

mardi, janvier 18th, 2011

Bonsoir à toutes et à tous,

Ce soir je vous propose Charles François COACAUD, né le 1er novembre 1742 à Rochefort (Charente Maritime), fils de Charles COACAUD, Marinier (1731), bombardier, maître canonnier et de Jeanne BRIAND (mariés à Rochefort – 17 – paroisse St Louis le 7 mai 1731)
Chirurgien, il épouse Thérèse BOUDRET (1750 – 1804) à Pamplemousses le 18 mars 1773, ils auront ensemble au moins 10 enfants.
Il décédera le 9 décembre 1806 à Port-Louis.

Sources : archives départementales de Charente Maritime – Henri Maurelmaurice1.jpg

Acte à retrouver dans votre dossier habituel

Bonne soirée
Ancestralement vôtre

Claude Rossignol
La rubrique quotidienne des « Primo-Arrivants » de GENBOURBON & IMAUGEN
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CGB N°2665
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Du bord de l’Afrique à la ravine des Trois Bassins : histoire de Gédéon, fils de Félicité, esclaves de Cerveaux Jean Baptiste à St Paul par Jean-Claude ODON ©

lundi, janvier 17th, 2011

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Les géographes nous expliquent que le terme Sahel vient de l’arabe « sahil » qui signifie le rivage, le bord du désert. Pour les ethnologues et linguistes, ce même mot en langue bantoue désigne le bord (de l’Afrique), là où vivent les peules Souahélis, de la Somalie au Mozambique, creuset de la culture Swahili. Vous ne trouverez cependant aucune référence à ces termes dans les registres de l’état civil des esclaves à La Réunion : ceux-ci étaient nés en « côte d’Afrique », sans aucune précision ni préciosité sémantique, et c’est seulement dans les recensements de population que vous pourrez lire un peu plus sur le pays d’origine des esclaves, les individus y étant alors classés «  indiens », «  malais », « malgaches », « créoles » ou « Mozambique ».

Félicité, dont je vous conte en ces pages l’histoire (vraie), n’est pas née au « bord de l’Afrique » ou en « côte d’Afrique », selon l’expression que vous privilégierez. D’autres recherches, que je n’ai pu entreprendre encore, me diront peut-être plus tard qui, de son grand-père ou de son arrière grand père, eut un jour l’infortune de se trouver sur le chemin d’un trafiquant d’esclaves en maraude sur les rivages du Mozambique, à la recherche de juteux profits commerciaux ; mais aucune étude ne pourra vous préciser le lieu exact où s’opérèrent pendant plusieurs décennies ces ravages, et peut-être qu’un jour un livre de bord, qu’on aura retrouvé chez un riche négociant de Bordeaux, nous apprendra t’il un peu plus sur les conditions et lieux de ces captures. Vous pouvez cependant, en attendant et sans y être jamais allé, grâce à la magie d’internet et de « Google Earth », vous promener le long de ces 1700 kilomètres de criques, de plages et de mangroves de la côte du Mozambique, et imaginer ces scènes barbares de poursuites, de razzias et d’enlèvements, que le cinéma a immortalisées dans des films culte comme « Racines ». Depuis, certains historiens ont évolué dans leur approche théorique sur l’origine des esclaves de La Réunion et avancent l’hypothèse que certains d’entre eux seraient peut-être venus du cœur même de l’Afrique, d’où ils auraient été capturés par des tribus ennemies, puis, après une longue traversée du continent, vendus aux commerçants négriers de la côte. Peut-être que les esclaves se sont-ils transmis oralement la mémoire de leur pays d’origine mais ces récits, non figés dans l’écrit, ne sont pas parvenus jusqu’à nous.

Félicité n’a pas fait ce long et éprouvant voyage terrestre et maritime. Mon propos d’aujourd’hui se circonscrira donc à vous relater, mais puis-je d’ailleurs faire plus, quelques épisodes de sa vie d’esclave ici, à La Réunion, ou tout au moins ce que les archives la concernant me permettent d’en dire. Je mesure la difficulté de l’exercice, non pas parce la documentation se rapportant à une telle étude est par essence peu fournie, mais surtout parce que le sujet est sensible : Etes-vous amené à évoquer tel acte de maltraitance à l’égard d’un esclave ? Vous seriez immédiatement accusé d’exhumer un passé qu’il est plus que seyant d’oublier.  Souhaiteriez-vous au contraire mettre en avant un geste de grande humanité d’un maître envers son esclave ? Vous seriez alors taxé de révisionnisme ! Sans complaisance pour les tenants de l’une ou de l’autre thèse, j’entreprends donc mon récit en vous emmenant à Saint Paul, là où tout commença pour Félicité, en espérant secrètement que sa nombreuse descendance voudra bien m’absoudre d’avoir raconté leur histoire hors des sentiers battus de l’orthodoxie.

Félicité est une des esclaves de Jean baptiste Cerveaux, un habitant des hauts de Saint Paul, fils de Antoine Cerveaux (1729/1804), descendant de Edmé Cerveaux dit Champagne (1697/1746). Edmé Cerveaux, né à Epineuil dans l’Yonne le 15-08-1697, fils de Robert Cerveaux, vigneron, et de Marie Liegeot, est l’ancêtre de tous les Cerveaux de La Réunion. Quatre de ses fils (Laurent, Antoine, Edmé et François) sont venus s’installer dans une zone connue aujourd’hui sous le nom de Bois De Nèfles Saint Paul, de part et d’autre de la ravine Bassin, entre la ravine La Forge et la ravine Précipice. C’est une localité que les familles Odon connaissent bien puisque leurs ancêtres, un siècle après les Cerveaux, viendront eux aussi s’y installer, chassés par les catastrophes qui affectèrent Salazie à la fin du XIXème siècle.

Mais Félicité n’a pas toujours vécu dans cette famille. Un faisceau d’indices, recoupant entre les déclarations des frères Cerveaux et l’état civil des esclaves de Saint Paul, m’amènent à établir que Félicité serait née dans cette commune le 27 août 1770, sur la propriété de Raynaud de Belleville, un riche propriétaire originaire du Languedoc, possédant alors près de soixante dix esclaves, marié à une créole du terroir, Marie Hibon. En application du Code Noir, alors en usage dans l’île, vous ne connaitrez jamais le père de Félicité, mais uniquement sa mère, Julie, alors âgée de 32 ans, esclave de Raynaud. Les rapports entre le maître et l’esclave paraissent alors plus que cordiaux puisque Félicité a pour marraine la propre fille de Raynaud, Marie Catherine. Une seule ombre à ce tableau : sa mère tombera malade quelques années plus tard (son propriétaire la déclare invalide au recensement de 1778). Vint ensuite l’éprouvant moment de la séparation : vers 1785 Raynaud vend ses esclaves aux frères Cerveaux, qui à leur tour les répartiront entre leurs héritiers. Julie se retrouve chez Laurent et Félicité chez Antoine(le plus riche de la fratrie puisqu’il possède 26 esclaves), puis, par dévolution successorale, chez Jean Baptiste Cerveaux. Il faut bien entendu lire cet itinéraire avec circonspection tant sont volatiles les informations que vous tirez parfois des recensements. Elles étaient néanmoins suffisamment convergentes pour m’incliner à vous décrire sous cet angle là, et sans trop tomber dans l’erreur, notre personnage et son parcours.

A défaut d’être plus affirmatif sur les origines de Félicité, je vous apporterai des renseignements mieux étayés sur son cadre journalier de travail. Au moment où je vous ouvre la demeure des Cerveaux, en 1823, Félicité est depuis longtemps déjà un monument au sein de cette famille : le maître des lieux est à peine plus âgé qu’elle (il est né en 1766), son épouse Géneviève Grosset est née la même année que Félicité, mais surtout Félicité a vu naitre (et certainement aidé à naitre) tous les enfants du couple : Marie Héloïse en 1795, Jacques Moïse en 1797, Marie Elisabeth en 1802, François Rieul en 1803, Antoine en 1808, Agricole en 1810 (décédé à 6 ans) et Elzéard en 1816. Ils resteront tous sur le domaine familial après leur majorité et continueront à l’habiter même après leur mariage ! Cette proximité avec la famille et les événements familiaux ne dispenseront toutefois pas Félicité d’être affectée «  à la culture » ou « à la pioche » avec ses autres compagnons d’infortune, dont le nombre varie au gré des recensements annuels : Thomase, Melon, Jean-Louis, Etienne, Lucile, Proba, Léocadie, Sylvain, Jean-Pierre, Ditri, Sérophie, Marie Rose, Sidon, ainsi que d’autres enfants en bas âge qui viendront progressivement grossir leurs rangs : Florine, Pierre, Félicienne et Estel.

Vous prendrez soin d’ajouter à cette liste Gédéon, le propre fils de Félicité, qu’elle porte sur son dos quand elle se rend aux champs, à la manière des femmes africaines d’aujourd’hui. Gédéon est né en 1814, selon la déclaration faite par Jean baptiste Cerveaux en 1815, mais vous conclurez à des dates différentes, entre 1803 et 1814 si vous vous référez à d’autres documents, et je n’ai malheureusement rien trouvé dans l’état civil des esclaves de Saint Paul qui nous permettre d’arrêter une date de naissance plus précise. Son père se prénomme Jean, né vers 1760, selon la déclaration d’Antoine Cerveaux, son propriétaire, en 1787. Je ne pourrai vous en dire plus sur lui car il existe deux esclaves chez Antoine Cerveaux à porter ce prénom, tantôt décrits comme créoles, tantôt comme malgaches ou cafres. La présence de Gédéon aux côtés des autres enfants n’est pas elle non plus toujours continue et facile à cerner, eu égard à la versatilité des déclarations que j’ai évoquée plus haut, mais, adulte, on le retrouve régulièrement aux travaux des champs avec les autres esclaves de Cerveaux Jean Baptiste .

Leur espace de travail est un terrain situé entre la ravine Bassin et la ravine Précipice, de 5 gaulettes sur 400, soit une étroite bande de terre de 25 m de large sur 2000 de haut ( !), ce qui m’amène à déduire que les esclaves devaient faire plusieurs fois par semaine des aller-retour quotidiens jusqu’à la ligne d’altitude 1000 pour cultiver ce que le Cerveaux savent faire depuis trois générations, et que vous retranscris tel que je l’ai trouvé : « caffé », « mahi », « pois du cap », « arricot », « ambrevattes » et  « manioque » (la culture du « ris » et du « bled » ayant été arrêtée depuis Antoine Cerveaux), sans pouvoir vous préciser si cette orthographe était inspirée d’époque ou de la plume du recenseur. Un peu plus tard cette propriété s’agrandira d’un deuxième petit terrain de 75 m par 300, au même lieu, et la famille se concentrera sur la culture du maïs (dont ils arrivaient à produire jusqu’à 800 tonnes par an) et celle du café. Vous noterez qu’il n’y a pas encore de canne à sucre en ces lieux en 1823. Les esclaves doivent aussi nourrir et entretenir des animaux de ferme, même si le cheptel a quelque peu diminué depuis l’époque où le père Antoine Cerveaux possédait quatre vaches, deux veaux, quinze cabris, vingt huit cochons et deux chevaux. Enfin vous devez savoir que Gédéon et ses compagnons réparent de temps à autre le chemin communal de Bois de Nèfles, au titre des « journées de noirs » que les habitants doivent à la collectivité pour l’entretien des espaces publics. Je suis sûr pour ma part que vous féliciteriez ces infatigables travailleurs si vous connaissiez mieux la configuration des lieux : la partie basse, en dessous du chemin de ligne, est un chaos de blocs de galets qui, aujourd’hui encore, résiste aux plus modernes des brise-roches. Il n’y poussait, quand j’y allais, enfant, qu’une végétation rabougrie et de rares pieds de vavangues et de zattes brulés par le soleil. Il n’y survivait que d’agressifs caméléons à tête rouge. La partie haute, la plus cultivable, exigeait en contrepartie d’avoir des aptitudes affirmées à la randonnée en moyenne montagne, et ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’un hameau à la même altitude s’appelait  « Martyre » ! Lorsque vous roulerez sur l’autoroute des Tamarins à hauteur de Savanna, donnez-vous la peine de regarder vers la montagne et vous pourrez vous persuader par vous-même de la difficulté de vivre en ces lieux en 1820. Une seule consolation (si l’on peut dire) : cette peine était partagée par tous, blancs comme noirs.

Voilà donc le quotidien de Félicité. Petit à petit cependant, et quand bien même les recensements la disent toujours affectée aux plantations, Félicité développe un talent pour lequel elle a montré par le passé quelques aptitudes : elle officie comme sage femme dans le village et continuera es-qualité tout le reste de sa vie durant. Nous ne pouvons douter qu’elle exerce cette activité avec la complaisance appuyée, sinon la forte complicité, de Mme Cerveaux. Nous doutons encore moins qu’elle soit devenue désormais indispensable à toutes les familles des lieux. Vingt et un siècle après Platon, ne nous rappelle t’elle pas ainsi la célèbre dialectique du vieux philosophe : « le maître est l’esclave de l’esclave » ?

Mais cette description de l’univers de Félicité serait incomplète si je ne vous disais que Jean Baptiste Cerveaux a indiqué dans la colonne de droite de sa déclaration de 1823 que tous ses esclaves étaient vaccinés ! Mon premier élan à la lecture de ce document est de saluer l’avènement d’une ébauche de code de travail que je croyais absent des préoccupations de l’époque. Puis je réalise que Pasteur n’inventera son premier vaccin que soixante années plus tard et découvre ainsi que notre île, pourtant si isolée et que je m’imaginais ignorante des découvertes faites en Europe à l’époque, protégeait déjà ses esclaves contre la variole, en leur inoculant le virus de la vaccine, une technique promue par Jenner à peine trente ans auparavant ! Vous n’êtes cependant pas au bout de vos surprises si je ne vous relate pas cette inspection impromptue que reçut en mai 1841 un lointain mien cousin, Louis Michel Merceros, forgeron à la Rivière des Marsouins à Saint Benoît, décidée par la haute magistrature de l’île sur les conditions de vie des esclaves[1]. Tout fut passé en revue lors de cette inspection diligentée par le substitut Lacqueray de Valménier : les vêtements de rechange, les horaires de travail (« du lever au coucher du soleil » avec deux heures de repos par jour), la salubrité des cases et l’existence de jardins privatifs, la nourriture distribuée (75 décagrammes de riz ou un kilo de maïs moulu par jour), les instruments de punition (fouet, bloc ou prison), la santé, l’enseignement de la religion, les plaintes pour mauvais traitements formulées par les esclaves etc. Quelques rares moments de sollicitude administrative dans un vaste océan de servitude, mais sollicitude tout de même ! Dois-je vous dire que Louis Michel Merceros n’obtint pas 10/10 ce jour là à cette inspection, en particulier à la rubrique « logement » où il fut noté que les cases et les jardins des esclaves étaient négligés, et la partie « instruction religieuse » jugée presque nulle ? Sa veuve, Antoinette Marie Suzette, m’a laissé un bien meilleur souvenir, qui stipula dans son testament[2]: « La nommée Jeanny, cafrine, âgée d’environ vingt six ans, mon esclave, domestique, m’ayant toujours servi avec fidélité, zèle et affection, je veux et entends qu’elle soit affranchie de toute espèce de servitude au jour de mon décès, et, pour qu’elle ne soit à charge de personne, lui assure par le présent une rente viagère de soixante francs par mois, que mes héritiers seront tenus de lui payer comme aussi de lui fournir un logement pendant sa vie ». Si cette générosité vous émeut, vous devez alors savoir que Félicité eut un traitement encore meilleur, car elle fut, rien moins, affranchie par son propriétaire dès 1840, soit huit ans avant l’abolition.

Cette décision a muri progressivement : après le décès de Jean Baptiste Cerveaux en 1827, sa veuve se retire progressivement de l’administration de ses biens, confiant la poursuite de l’exploitation à ses enfants à qui elle cède tous ses esclaves dès 1838, à l’exception de Félicité. Elle établit alors pour cette dernière un dossier d’affranchissement, comme l’exigeait en pareil cas la réglementation, afin de vérifier que l’esclave libéré avait les moyens minimum de sa subsistance. Après délibération du Conseil Privé du gouverneur, avis du procureur du Roi et de la municipalité, ce dossier fut accepté et Félicité fut affranchie le 31 août 1840 [3]. Il vous faut noter que cet arrêté fut assorti, moment hautement solennel, d’un nom : Félicité s’appela désormais Félicité Savouray et son métier de sage femme y fut en même temps officialisé. Je ne pourrai jamais vous dire qui commandita ce nom, de Mme veuve Cerveaux ou de l’administration royale, mais ce ne dût pas être ce jour là le plus important de l’événement. Ainsi s’achevèrent soixante dix années d’une vie de servitude. Félicité continua à demeurer chez son ancienne maîtresse pendant dix ans encore et s’y éteignit le 04-11-1850. Mme veuve Cerveaux Jean Baptiste ne lui survécut que deux mois. Unies dans la vie, unies dans la mort, elles nous ont laissé par ce signe une grande marque de fidélité et d’amitié dont nous parlent peu nos livres d’histoire.

Tout à mon récit de la vie de Félicité je n’ai pas négligé son fils Gédéon, disparu depuis 1837 des recensements de Mme Vve Cerveaux. Mes recherches auprès des héritiers de Jean Baptiste Cerveaux ne m’ayant pas permis de le localiser, j’ai pensé pendant longtemps que Gédéon avait pris le maquis pour rejoindre ses congénères, en fuite dans le massif des Bénares, lieu historique du marronnage, là même où les historiens affirment avoir découvert le camp du roi Phaonce, ce légendaire fugitif dont les expéditions nocturnes terrorisaient, dit-on, les populations blanches du littoral. Du Grand Bénare Gédéon aurait-il alors gagné la forêt du Tapcal dans les hauts de l’Ilet à Cordes, pour y faire sa demeure et se soustraire définitivement à l’esclavage ? Ne s’exposait-il pas ainsi inutilement, dix ans avant l’abolition, au mousquet de la maréchaussée ou des chasseurs de primes ? Il me fallait en savoir plus et éplucher un à un les 1000 recensements de l’année 1839 des ménages Saint Paulois. Je découvris ainsi que notre ami n’était pas bien loin, à une centaine de mètres tout au plus, chez Paulet Michel, un agriculteur possédant une propriété de 122m sur 731 « entre la ravine Bassin et son bras », ainsi qu’un autre terrain de 15m sur 2192 entre cette même ravine Bassin et la ravine Laforge. Je n’ai en revanche trouvé aucun acte de cession expliquant la présence de Gédéon sur cette habitation. En 1842 Paulet donne la description suivante de Gédéon : né vers 1807 (date qui sera confirmée ultérieurement par Gédéon lui-même), de type cafre, cheveux crépus, taille 1m515 (à l’époque on mesurait jusqu’au millimètre), un bouton sur le nez. Ces mentions sont bien entendu interdites aujourd’hui dans les fichiers : je vous les donne pour mieux connaitre notre personnage et espère que vous n’y verrez aucune forme de racisme. En ce qui concerne les tâches quotidiennes des esclaves, je n’ai pas le détail précis des cultures de Paulet Michel mais, comme vous connaissez maintenant mieux que moi la géographie des lieux et la météo qui y règne, vous pourrez imaginer facilement à quoi et sur quoi Gédéon s’est éreinté l’échine pendant une décennie.

Puis Gédéon disparait à nouveau de mon champ de vision vers 1845, mais cette foi-ci je ne vais pas le chercher dans d’hypothétiques camps de marrons, car je sais où le trouver : tapi le soir après le travail dans les carreaux de cannes proches (car la canne à sucre commence alors à dessiner nos paysages), notre homme guette celle qui, depuis le début de l’année 1846, hante ses nuits et se rêves : une certaine Clémance, née en 1828, esclave ainsi que sa mère Pauline, fille naturelle d’Ursule, de Grosset Elisien. Ce dernier possède une plantation entre les ravines Précipice et Tête Dure, de vingt mètres de large et montant jusqu’au sommet. La mère et la fille y sont servantes. Gédéon et Clémance semblent être faits l’un pour l’autre : identité de destin, même taille, autant d’éléments qui ne peuvent que les rapprocher. Aussi la jeune fille reçoit-elle cinq sur cinq les messages enflammés de son prétendant, et ce qui n’était jusqu’ici qu’un amour platonique débouchera quelques mois plus tard sur la naissance d’une petite Marceline, dont je vous ai retrouvé l’acte de naissance n° 161, intitulé « Marceline, au sieur Grosset Elisien » : « l’an 1847, le treize juillet à trois heures de l’après midi, le sieur Grosset Elisien, cultivateur, nous a déclaré par écrit que la nommée Clémence, créole, âgée de dix neuf ans, domestique, son esclave, inscrite au vingt troisième registre matricule sous le n° 6778, était accouchée le dix de ce mois, à trois heures de l’après midi, d’une fille qui a été nommée Marceline, et avons signé, dont acte ».

Gédéon aura à peine le temps de savourer ce bonheur familial qu’un autre événement interviendra l’année suivante, le vingt décembre 1848, plus important celui-ci, puisqu’il scellera à jamais son destin d’homme libre. Nul ne saura nous dire si ce jour-là ils ont pu louer une charrette pour aller festoyer au Barachois à Saint Denis avec tous les esclaves libérés, mais votre imagination vous a certainement déjà dicté que le carry de tangues a dû être partout au menu ce soir là, copieusement arrosé de mandoze comme il se devait. Pour la circonstance notre couple du jour arborera pour la première fois de leur vie un nom : Gédéon devient Ledoux Gédéon, et Clémance : Golville Clémence. Vous avez lu dans un précédent billet que ces noms étaient attribués par des recenseurs municipaux sur la base d’une logique et d’une motivation qui n’ont jamais pu être décryptées finement, aussi me garderai-je de les expliciter. On peut supposer tout de même que le nom de Gédéon devait renvoyer sans doute à son caractère conciliant et modéré, disposition qui n’avait pas échappé à son recenseur et qui lui valut donc ce patronyme plutôt flatteur.

A l’instar d’une grande majorité d’esclaves découvrant la liberté en 1848, Gédéon ne déménagera pas des lieux où il a connu la servitude. La preuve nous en est apportée par la naissance de ses deux autres enfants, Pauline et Marcelin Gabriel, nés tous les deux sur la propriété de Grosset Elisien. Pour la circonstance il vous faut noter que ce dernier n’est plus propriétaire mais « engagiste » de Clémence, et que sa propriété s’est vraisemblablement étendue jusqu’au Guillaume. Pauline est née le 29-03-1850 « en la demeure de son engagiste, situé à l’endroit appelé le Bois De Nèfles », et Marcelin Gabriel le 14-07-1852 «  à l’endroit de cette commune appelé Le Guillaume ». Puis le couple et toute la belle-famille (Pauline et son mari, Ursulin Paul Asile) déménagent vers la Grande Ravine à Trois Bassins, chez un cultivateur de Saint Leu, Mercher Victor Amédée, qui leur offre semble t’il à tous un contrat plus avantageux. Une quatrième naissance survient en ces lieux, celle d’Hermance, le 11-10-1854, puis le couple arrête la décision de se marier le 24-10-1855. Ce mariage, célébré à Saint-leu puisque Trois Bassins n’en est pas encore détaché, est une date clé dans l’histoire de Gédéon, car il y donne des informations sur l’état civil de ses proches qui me permettront de remonter sa généalogie et de vous signer les présentes lignes. Au passage il légitime ses quatre enfants qui porteront donc désormais le nom de Ledoux.

La suite de la vie de Gédéon est l’histoire d’une longue itinérance dans la région de Trois Bassins, comme si notre héros ne trouvait pas sa place ni son bonheur chez le même employeur : en 1858 il migre comme colon (ou engagé) chez Galasse Elixène, en 1864 chez Frédéric Ringwald, en 1866 chez Aldabert Raux puis en 1870 à nouveau chez Frédéric Ringwald. Un gout prononcé certainement pour une existence sans entraves, qu’il nous serait difficile de lui reprocher après le film que nous venons de dérouler de sa vie ! Mais ce n’est pas de ce nomadisme là que je veux vous parler car, dès 1856, il se produit un événement dans la vie de Gédéon dont ses descendants mâles porteront la mémoire jusqu’à la fin des temps : Gédéon Ledoux ne se contente pas de déménager, il change de nom et devient progressivement Gédéon Odon. L’affaire éclate à mes yeux le 28-11-1856 lorsque Gédéon déclare la naissance de sa fille Félicité à la mairie de Saint leu, en présence et de ses deux témoins, Fabien Couchan et Bélizaire Lebry, et de l’adjoint au maire Armand Mutuel. Ce jour là le nom de Gédéon s’écrira Odou, et on retrouvera également ce nom sur l’acte de baptême de la petite Félicité, rédigé par le révérend père Gabou, curé de la paroisse de Trois Bassins, le 7 décembre suivant. Difficile donc d’imaginer que tout ce monde, atteint simultanément d’une surdité passagère, aurait été abusé par la proximité phonique entre « Gédéon Ledoux », « Gédéon Odou ». C’est bien le document que leur a remis Gédéon, un extrait d’inscription sur les registres spéciaux de la commune qui, rédigé hâtivement en 1848, a entretenu la confusion et entrainé cette mutation de son nom. Je ne suis pas au bout de mes surprises lorsque je m’aperçois que, bien avant son mariage, à la naissance de Ursulin Cécilia, la fille de sa belle-mère, le 18-10-1853, Gédéon s’appelait déjà Gédéon Odon, et c’est le même officier de l’état civil, Armand Mutuel, qui a rédigé tous ces actes ! Difficile cependant de tenir grief à ce dernier seul d’une mauvaise lecture du document que lui tend Gédéon car son successeur, Michel Constant Leclerc, fera la même erreur en écrivant « Gédéon Odon » huit années de suite dans les registres de la commune : le 21-06-1858 à la naissance de Marie Marguerite Odon, le 15-07-1860 à la naissance de Jean Baptiste Odon, le 09-07-1862 à la naissance de Gédéon Odon fils, le 10-06-1864 à la naissance de Augustin Odon, le 18-06-1864 au mariage de sa belle sœur Estelle avec Ribecq Jean Pierre, enfin le 01-07-1866 à la naissance de Marie Rose Odon. Vous avez bien sûr compris que je ne suis pas en train d’instruire un procès contre Gédéon pour usurpation d’identité : il n’existe aucune propriété patronymique ou marque déposée sur ce nom « Odon », qui n’a été à l’origine à la Réunion qu’un prénom, porté par des enfants libres ou des esclaves. En existerait-il d’ailleurs que nous ne serions pas fondés à le lui opposer, quand on sait la façon arbitraire dont lui a été attribué son propre patronyme et qui justifierait à elle seule, si tant est que cela soit le cas, qu’il veuille en changer. Je voulais juste par là vous faire part de mon étonnement quand, voulant remonter la piste de mes ancêtres, j’ai rencontré un jour cette famille Odon que je ne connaissais pas, dans les recensements et les listes électorales de la section spéciale de Trois Bassins. Poussé ensuite par la curiosité j’ai entrepris l’étude de leur généalogie à eux aussi, et c’est ce qui m’a conduit devant vous aujourd’hui. Mais je n’ai pas épuisé là l’énumération de ces turbulences patronymiques : dans le même intervalle de temps où Gédéon baptise ses enfants « Odon », l’état civil de Saint Leu lui attribue par deux fois le nom « Ledoux », ainsi le 15-09-1864 au mariage de sa fille Marceline avec Berby Jean Baptiste et le 08-07-1868 au mariage de son autre fille Pauline avec Floramir Ernest ! Personne à la mairie de Saint Leu ne semble alors remarquer ces étranges va-et-vient. Cette métamorphose administrative, certainement bien involontaire de la part de Gédéon et de son épouse, qui ne savaient pas lire, prendra fin le 10-12-1870, à la naissance de leur dernière fille Jeannette. C’est un nouvel adjoint au maire, Berthaut Joachim Denis, qui préside ce jour là la séance. Lit-il plus attentivement l’extrait d’acte que produit Gédéon ? A-t-il été alerté par ces incompréhensibles et erratiques mutations de nom dans les registres de sa commune ? C’est décidé : Jeannette ce jour là s’appellera Ledoux et gardera pour le reste de sa vie ce nom, comme vous pourrez le vérifier à son acte de mariage le 21-10-1889, et Gédéon reprendra désormais son ancienne identité, notamment au mariage de sa fille Hermance avec Caparin Adolphe le 23-09-1876 et, événement plus tragique, au décès de son épouse le 24-12-1872.

Gédéon possède une descendance « Ledoux » de par le mariage de son fils Marcelin Gabriel avec Cafarin Anaïs le 20-11-1880 à Trois Bassins. Il possède une descendance « Odon », plus nombreuse, par ses trois fils Jean Baptiste, Gédéon et Augustin. Jean Baptiste a épousé Telon Louise qui lui a donné trois garçons : Julien en 1886, louis Joseph en 1888 et Jules en 1899. Gédéon fils a épousé le 24-11-1885 Adrien Joséphine qui lui a donné deux garçons : louis en 1891 et Pierre en 1895. Augustin a épousé le 25-10-1887 Mola Marie Justine qui lui a donné quatre garçons : Adrien en 1897, Marcelin Auguste en 1898, Louis en 1899 et Jean Baptiste en 1902. Ces familles Ledoux et Odon de Trois Bassins ignorent sans doute aujourd’hui qu’elles descendent du même patriarche, né vers 1807 à Bois de Nèfles Saint Paul sur la propriété de Jean baptiste Cerveaux. Puisse cet essai leur remémorer leur histoire commune et rappeler à tous que l’histoire des esclaves de la Réunion ne se résume pas à un nom et ne commence pas en 1848 !

Je n’avais pas programmé de terminer mon récit sur la mort de Gédéon car, à l’image de son acte de naissance resté secret, je n’avais jamais pu à ce jour trouver son acte de décès et imputais cet échec, trop hâtivement peut-être, à la séparation intervenue en 1897 entre les communes de Trois Bassins et de Saint leu. J’avais pendant des semaines, mais en vain, alerté un service d’entraide généalogique à Aix en Provence, là où sont conservées les archives de l’outre-mer, afin de mettre la main sur cette pièce essentielle qui m’aurait permis de vous dire sous quelle identité Gédéon a quitté notre monde. Comme toujours mon imagination fantasque m’avait emmené trop loin. J’aurais dû le chercher chez un de ses enfants, ainsi que c’est le cas pour la plupart des  gramounes  à la Réunion à la fin de leurs jours, et c’et donc chez son gendre Berby Jean Baptiste Hyacinthe, à Hermitage les Hauts, que je l’ai retrouvé, à quelques heures de clore ce récit. Il s’y était retiré après la mort de son épouse et c’est là qu’il s’en est allé le 25-01-1891. Vous voulez que je vous dise : il aura épuisé jusqu’au bout les fonctionnaires de l’état civil. Sur son acte de décès[4] il est indiqué qu’il s’appelait « Gédéon Odoux » !

Sur ces pages qui se ferment, et sur ces illustrations d’Antoine Roussin qui me semblent coller parfaitement au décor de ta vie, je te dis donc adieu Gédéon. T’avouerais-je l’immense plaisir que j’ai éprouvé à retracer ton histoire, quant bien même les mois de recherche que ce travail a nécessités ? Mais comprendrais-tu ma grande déception si je te disais qu’aux Archives Départementales de la Réunion je rencontre si peu de descendants d’esclaves à la recherche de leurs origines, comme si ce trésor historique devait être laissé à l’appétit de quelques initiés seulement ? Et tu mesurerais certainement ma profonde révolte si je te disais que je n’y ai jamais croisé non plus ceux qui, depuis des décennies pourtant, se sont fait métier de conter aux Réunionnais l’histoire et le destin du peuple créole.

Fait à Saint Denis de la Réunion le 30-10-2010

Jean-Claude Odon ( jcodon@wanadoo.fr)

Sources : Je n’aurais pu écrire ces lignes sans les sources suivantes qui m’ont largement inspiré, et dont je remercie les auteurs :

Camille Ricquebourg : Dictionnaire Généalogique des familles de l’île Bourbon

Le Cercle Généalogique de Bourbon et sa banque de données

Pierrette et Bernard Nourigat : recueils sur les affranchissements des esclaves avant et en 1848

Régine Crasson de Balbine qui m’a fourni l’acte de décès de Félicité, introuvable à La Réunion

Archives numérisées de l’Yonne : naissance de Cerveaux Edmé

Et des sources diverses aux Archives Départementales de La Réunion : recensements des familles de Saint Paul de 1778 à 1848, état civil de St Paul, St Leu et Trois Bassins, notaires de St Paul et de St Benoît, juge de paix de St Benoît, Conseil Privé du Gouverneur, Bulletins Officiels de La Réunion etc.

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[1] Voir ADR 603W109

[2] Voir Me Vetter, 12 août 1845

[3] Bulletin Officiel de l’année 1840, page199, en libre consultation aux Archives Départementales de La Réunion

[4] Voir ADR : décès 1891, St Paul, acte n° 46

Antoine PAYET par Jacques PASSOT ©

lundi, janvier 17th, 2011

 

Chers Amis,

Une longue, très longue, trop longue incertitude sur l’origine d’Antoine PAYET n’a jamais cessé d’exister

En effet, si l’on s’en tient à l’extrait de baptême de celui-ci indiquant son origine à St Priest la Roche dans le département de la Loire, village situé à quelques kilomètres de Roanne à proximité d’une des boucles des Gorges de la Loire, nous trouvons cet acte numérisé (Archives de la Loire – Registre Paroissiaux Baptêmes années 1622/1660 page 30) dont photocopie ci-dessous : (voir le f de fils, de fayet et de femme !)

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Or, d’après celui-ci, Antoine PAYET n’a jamais existé en tant que tel, mais il s’agit d’Anthoine FAYET. En effet, la lettre initiale n’est pas un p, mais un f, le rédacteur de l’époque n’a pu faire confusion, comme en témoigne l’acte de baptême ci-dessous de Jehan, frère ainé d’Anthoine acte ci-dessous datant de 1635 dans lequel on retrouve les mêmes caractéristiques concernant le f de fayet :

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D’autre part, dans l’acte de baptême d’Anthoine, on remarque la forme d’un p dans le nom de la paroisse de Saint Priest qui ne peut être en aucun cas confondu avec un f.

Que s’est-il donc passé, la langue d’Anthoine a-telle fourché lors de son inscription dans les rôles de son inscription ou avait-il quelques chose à cacher ? quoiqu’il en soit, ce nom adopté lui restera et son surnom de « la Roche » vient-il de son origine ?

D’autre part contrairement à son frère Jehan, on ne trouve aucun acte de mariage ou de funérailles dans les registres de St Priest, il semblerait donc qu’Anthoine ait « quitté » le pays.

Mais alors, tous les PAYET de la Réunion, de Madagascar et autres lieux descendants d’Anthoine ne devraient-ils pas s’appeler FAYET, ou bien Antoine PAYET n’a jamais vu le jour à St Priest la Roche !!!

Existe-t-il en dernier recours la possibilité de consulter les registres d’engagement dans la Compagnie des Indes susceptibles de donner enfin quelque lumière ??

Jacques PASSOT ©

Adh : 784

Un Poilu de 14, le Cilaosien Joseph Ignace RIVIERE par Christian FONTAINE ©

lundi, janvier 17th, 2011

 

Quand j’ai vu les photos d’Ignace RIVIERE dans le salon de cette tante par alliance, je n’ai pu m’empêcher de me poser des questions sur la vie de cet homme, engagé dans une guerre mondiale et après en avoir réchappé, menant encore des combats pour assurer sa vie et celle des autres. Grâce à la famille et aux historiens, j’ai essayé e reconstituer quelques moments de sa vie.

clip_image002Joseph Ignace RIVIERE est né un 1ermars 1893 à 10 h du soir à Cilaos (île de La Réunion, alors Colonie). Il y termine sa vie après 97 ans de bons et loyaux services envers sa patrie et sa famille. Sa famille, c’est aussi la population de Cilaos elle-même car son métier de « jardinier » fait de lui un familier.

Ignace fils de Donat Riviere et de Marie Joséphine GONTHIER fait partie de ces hommes qui crée le cirque. L’histoire de Cilaos commence avec les Marrons qui s’y installent dès le début du 18 e  s. et lui donnent son nom : « le pays que l’on ne quitte pas ». Le 19 e siècle voit l’arrivée des premiers habitants « légaux » tel que Figaro qui reçoit l’Ilet-à-Cordes pour avoir trahi les esclaves mutins de St-Leu en 1811. Puis on verra les Dalleau, Dijoux, Grondin, Lauret, Picard et autres s’installer sur ces hauteurs escarpées et essayer de survivre avec la seule force de leurs bras et de leur mental.

Ignace dont la famille vit à Brûlé Marron va à l’école publique de Cilaos à pied chaque jour (20 minutes encourant comme un cabri). Il fait partie des 65 élèves de la classe unique de M. NICOAS qui essaie de rivaliser avec l’école des Sœurs. Il obtient son Certificat d’études à 11 ans et demi, ce qui est une performance pour l’époque car l’analphabétisme règne en maître sur cette île et particulièrement dans les coins reculés. « On était 23 élèves, j’ai été reçu deuxième. Les résultats ont été annoncés par télégraphe parce que l’examen était corrigé à Saint-Louis. » Mais ces parents-là sont différents car ils veulent que leur onze enfants aillent à l’école. Et quand on pense que l’habitat à cette époque était constitué de paillotes, on ne peut que tirer son chapeau.

La famille d’Ignace est paysanne, mais à l’occasion on se fait porteur des villégiaturistes qui montent se faire une santé aux thermes. Les familles riches de l’île Maurice y venaient en nombre non négligeable. Relisons la lettre d’un abonné de Cilaos paru dans « La Patrie Créole » de 1910 : « Depuis une quinzaine d’années je fréquente la station thermale de Cilaos et c’est toujours avec le même plaisir que je revois ces sites merveilleux, dont le seul spectacle suffit au relèvement physique et moral des malades… Durant la dernière saison, et actuellement encore, toutes les maisons sont non seulement occupées, les hôtels comblés,mais les maisons de chaume elles-mêmes sont louées par des retardataires. »

Adolescent Ignace se souvient avoir vu la comète de Halley : « C’était le soir et il faisait noir, mais c’était une lumière qui éclairait comme un phare la Terre. »

Il a 17 ans quand a lieu la « jacquerie » de Cilaos durant laquelle un groupe de paysans pauvres réclame la distribution gratuite des terres. Voici ce qu’écrit « La Patrie Créole » le samedi 27 août 1910 : «  Les habitants s’étaient insurgés l’année dernière et avaient mis le feu aux forêts dont ils avaient la prétention de s’emparer ; la faiblesse administrative leur a donné raison et aujourd’hui ils se croient tout permis… Ils préfèrent couper du bois qu’ils vendent aux baigneurs et aux boutiquiers, et aussi et surtout des palmistes et à prendre des merles et des petits oiseaux qu’ils viennent vendre, entre chien et loup, aux villégiaturistes à la tombée de la nuit. »

Mais il n’y a pas que les feux de forêt de Cilaos qui font peur à certains. En Europe aussi couvent les feux de la guerre. Dans un article intitulé « Le péril allemand » du 17 février 1910 La Patrie Créole rapporte les mots de Maximilien Harden dans le « Zukruft » : « Que l’Angleterre permette aux Allemends d’établir leur hégémonie sur l’Europe… et il y aura la paix… En 1920, l’Allemagne aura 73 millions d’habitants, il nous faut de la place, sinon elle mobilisera ses forces contre vous, et c’est à vos dépens, au prix d’une longue et cruelle campagne qu’elle s’agrandira. Vous avez le choix. »

Ignace a 21 ans quand la guerre de 14 éclate. La terrible nouvelle se propage en quelques heures dans toute l’île.

Cette guerre qu’on croyait éclair va s’éterniser. Les soldats vont tomber en grand nombre. Les premiers partis de Cilaos au début de la guerre meurent aux champs d’honneur. La commune a gravé leurs noms sur son monument aux morts : Henri Léon BENARD, 23 ans, Joseph Séraphin BOYER, 33 ans, Louis Eugène BOYER, 33 ans, Louis Guillaume RIVIERE, 22 ans pour l’année 1915.

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Caserne de Perpignan inaugurée en 1913

Joseph Ignace est mobilisé en 1916 ainsi que son frère Pierre Mathurin plus jeune. Le médecin militaire les a jugés aptes aux missions qui leur seront confiées sous un climat différent et aux conditions précaires du combattant. La France a déjà perdu de nombreux soldats. La famille RIVIERE a le cœur lourd de les voir partir. Quand reverra-t-elle ses fils ? Tristesse et amertume. Rapidement il est embarqué sur un transport de troupes, l’El Kantara. Il ne souffre pas du tout du mal de mer. Huit jours plus tard, il débarque à Diègo Suarez où il fait 3 mois de classe. Il rejoint ensuite Marseille, puis il est incorporé au 24ème Régiment d’Infanterie à Perpignan. Là, il a la surprise de trouver un sergent-major, ancien camarade à lui de la Rivière-Saint-Louis. Il le reconnaît à peine tout d’abord.

Il monte au front dans la région de Lunéville, près de Baccarat, à Bertuisson. Il fait beau, c’était en juin 17. Sa première mission fut de porter un pli dans un bureau à travers la tranchée Il a eu peur de se perdre. Le soir de son arrivée, dans la cagna avec les camarades nouvellement arrivés, ils se déshabillent pour dormir. A dix heures, alerte ! Le sergent veut les faire sortir sur le champ. « Attendez sergent on s’habille ! » « Mais ils se croient chez eux ceux-là ! » Il a fallu s’habiller en vitesse. Son premier contact avec l’ennemi reste présent dans son esprit : il a tiré devant lui comme tout le monde et il n’a rien vu. Un homme s’est écroulé en face de lui. Est-ce lui qui a tiré ?

Quelques jours plus tard, dans un bois près duquel les troupes françaises s’étaient repliées, un tireur isolé allemand abattait systématiquement les soldats français allant aux lieux d’aisance, installés dans le bois. Un lieutenant français repère alors le tireur caché en hauteur dans un tronc creux. Les Français tirent, Ignace comme les autres. Il voit l’Allemand disparaître dans le tronc. « Il a longtemps gémi avant de mourir. »

Trois fois il montera au front. Une fois dans les Vosges et deux fois à Verdun. C’est là qu’une torpille explose près de lui. Des camarades sont blessés, d’autres ont été tués. Lui n’a rien. « C’était comme un cyclone, les arbres étaient brisés partout.  On restait huit jours en première ligne puis on repartait quinze jours à l’arrière. A Verdun on était en réserve de la première ligne, dans des trous individuels. J’avais trois copains : DELRUE de Paris, un Bordelais CABRIROUX et FONTAINE de la Rivière-Saint-Louis. Un jour on a vu une petite auto pas plus grande qu’une table avec un petit drapeau sur l’aile. C’était le général PETAIN ;

A Verdun la cuisine était cuite très loin à l’arrière et il fallait la chercher à pied dans un poste très éloigné. Il fallait la nuit entière pour la corvée : il n’y avait pas beaucoup de volontaires pour le faire. Au loin on apercevait le ravin de Douaumont. C’est à ce moment-là que j’ai été gazé. »

La guerre terminée, ils rentreront en 1920 par bateau comme ils y étaient allés. La Réunion laisse un homme sur dix sur la terre de France. Douze mille rentrent au pays. Pense-t-on aux parents ? Peut-on leur envoyer des nouvelles ? En reçoit-on ?

« Il était défendu de dire où on était. Un jour on avait acheté des cartes postales dans un village complètement ravagé et avec les amis on les avait écrites pour nos familles. Elles ont été confisquées. Les vues des régions de combat étaient interdites. La correspondance arrivait pourtant de la Réunion, les lettres en souffrance étaient affichées sur de grands panneaux, il y avait des colis aussi.

Le jour de l’armistice, il était à LEMMES, près de Verdun. « La nouvelle a été subite. On a joué du clairon, les cloches ont sonné. C’était le matin, on était surpris et après on a su que c’était vraiment l’Armistice. Je suis resté à Lemmes jusqu’en janvier, puis à Marseille jusqu’en mars 1919. On était 6 000 soldats de la Réunion. On a embarqué sur le « Madonna ». Il y avait 2 000 hommes à bord mais ce n’était pas assez lourd. On avait mis du lest dans les cales. C’était de la terre. Elle avait été prélevée dans un endroit où on avait enterré des Sénégalais morts de la grippe espagnole. »

On est arrivé le 31 mars 19. On avait mis 20 jours pour revenir. J’ai pris le petit « train lontan » jusqu’à Saint-Louis, ensuite je suis monté à Cilaos en fauteuil. Les parents étaient en bas du village, au Brûlé des Marrons en haut de la dernière pente du chemin, la pente Crève-Cœur. La chance avait été pour moi. 55 camarades de Cilaos ne sont pas revenus.

De ce temps, Ignace a gardé deux grands manteaux de drap, ses godillots et ses molletières qui lui serviront encore de nombreuses années. Très vite l’épidémie transportée par la Madonna se répand à Cilaos. Cinq membres de la famille d’Ignace meurent.

Ignace devient jardinier. Il cultive et vend de tout, le panier de légumes posé sur la tête. Il a toujours sur son dos son « bertel » où il peut mettre des chouchoux ou des fraises ramassées dans la forêt pour sa famille. Les 2000 habitants du début du siècle le connaissent car il passe régulièrement avec ses produits frais, son bazar en somme. Il a le contact facile. La guerre ne lui a pas fait perdre ses qualités d’humain. Il apprend à tout faire et marcher ne lui fait pas peur.

A travers ses pérégrinations, il découvre aux Mares une jeune fille de bonne famille pas plus riche que la sienne. Elle s’appelle Marie Onésime ETHEVE, née le 16 juin 1903 et orpheline de père dès l’âge de 10 ans. Elle a 21 ans et elle aura remarqué la belle moustache noire de son soupirant. Il pense qu’elle fera son bonheur. Au bout de six mois de fiançailles, Ignace épouse Onésime ETHEVE. « Pour une demande en mariage, on savait se débrouiller tout seul ! » En septembre 1924, ils s’unissent devant Dieu et devant les hommes et se jurent fidélité. « La fête a commencé le samedi chez Onésime, la cérémonie a eu lieu le mardi. Le cortège était comme une colonne de soldats. Tout le monde est venu chez mon père et la fête a continué jusqu’au vendredi.Bien sûr qu’il fait encore frais la nuit et quand on se lève, il fait 10 degrés dehors. Mais les hommes en ont l’habitude en altitude : au contraire on se met plus vite au travail. Ils décident d’habiter au Bras Sec, dans une maison semblable à celle de leurs parents. Vont y naître avec une régularité astronomique les 11 enfants du couple.

clip_image006La première Thérèse, le 30 juin 1925. Elle vit actuellement en France. Puis Joséphine le 14 juin 1927 : elle vit à Cilaos avec une autre sœur, Catherine. Ce sont elles qui m’ont renseigné sur leurs père et mère et la vie de cette époque. François Ignace né le 27 février 1929 est décédé depuis. (Cette même année, le 11 novembre, a lieu l’inauguration du « Poilu de la Victoire, place de l’Hôtel de Ville à Saint-Pierre.) Ignace s’y est-il rendu ou en a –t-il entendu parler ? Cécile a 78 ans et vit aussi en France : elle est née le 16 décembre 1931. (1932 : un arrêté du gouverneur ouvre la circulation sur la route de Cilaos « aux risques et périls des utilisateurs ».) Gertrude Claire est née en 1934 mais est décédée depuis. Marthe, 74 ans, vit à Cilaos. Céline Clovicia en 37. Catherine que j’ai nommée plus haut est née en 1939. Les jumeaux Jean-Jacques et Joseph Jacob en novembre 42 et la onzième Marie Henriette en 1946.

Voilà une belle famille qu’il faut élever dans l’amour et la fermeté aussi. La vie est dure mais elle s’organise. Joséphine raconte qu’elle n’est allée que deux ans à l’école parce que sa mère a eu besoin d’elle après la naissance de Céline Clovicia et que la guerre de 39 arrivant, on ne trouve plus de papier pour écrire dessus. On vit encore plus en autarcie et on restreint les besoins. Tout le monde est mis à contribution pour assurer la survie, qui trait la vache pour son bon lait qu’on boit le matin ou qu’on mange avec le riz ou le maïs, qui plante les légumes ou désherbe le jardin, qui encore tresse un chapeau avec du chiendent ou du lys pour « parer » le soleil d’été.

Joseph Ignace ne se lasse pas de piocher (on le verra pioche à la main à 90 ans), de « gratter » la terre et de planter. Il fait pousser, entre autres, salsifis, choux de Bruxelles, et artichauts. Il fait venir les semences «  Vilmorin » par bateau, commandes qu’il passe deux ou trois mois à l’avance. Il cultive aussi des navets, betteraves, des oignons « vétiver ». A cette époque tout ce qu’on produit est bio. Mais les dons d’Ignace sont divers : vin de pêche, de prune, de fraise ou de coing n’ont plus de secret pour lui. Aurait-il appris ses recettes auprès de ses camarades du régiment ? Le temps passe. A St-Denis de la Réunion naît en 1924 un futur Premier ministre. Cilaos est depuis longtemps le pays du changement d’air et l’altitude est indiquée pour lutter contre le paludisme. Aussi le jeune Raymond BARRE et sa famille dans les années 30-40 montent dans le cirque en changement d’air pour y jouir de la fraîcheur des températures et des vertus des sources thermales. C’est ainsi qu’Ignace aura l’occasion de porter le jeune Raymond BARRE sur son dos et aussi de ravitailler sa famille en légumes en janvier-février, période des grandes vacances scolaires. D’ailleurs une certaine amitié naît entre le vieux Poilu et le jeune collégien et une fois devenu Premier ministre[1] ou député, R. BARRE ne manquera pas de l’inviter lors de ses passages à la Réunion en 1978 et dans le cirque de Cilaos en 1985[2] : nul doute qu’ils ont alors échangé plein de souvenirs. Moments inoubliables pour cet amoureux du contact qu’est Ignace. Raymond Barre interviewé par Jean-Michel Djian évoque son enfance dans « Mémoire vivante » : Mon île natale compte bon nombre de paysages magnifiques. Et on la parcourait à pied. On montait au Piton des Neiges, à 3200 mètres d’altitude, on allait visiter le cirque de Mafate. Tout cela nous procurait des joies intenses[3].

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Mais avant tout cela, n’oublions pas 39-45 : tout va manquer à la Réunion. Les gens feront la queue devant certains commerces pour avoir un bout de manioc ou de tissu. A Bras Sec, Ignace mettra tout en œuvre pour subvenir aux besoins de sa famille. Quatre enfants naissent pendant la guerre et après. Il élèvera porcs et vaches, poules et canards pour donner un bout de viande à chacun une fois par semaine. Joséphine se souvient qu’il y avait « quarante porcs dans la porcherie ou dans la cour et qu’on en tuait un par mois pour nourrir la famille, les cousins et cousines. C’était la fête ! »

A la Réunion, région tropicale il ne se passe pas trop d’années sans que les cyclones fichent un coup au moral et il n’est pas rare qu’on ait à enterrer des victimes de ces phénomènes violents. « En 1948, sept personnes d’une même famille en meurent au Bras Sec seulement,  me confie Joséphine la fille de Joseph Ignace. Notre maison a été emportée en février 1962 par le cyclone Jenny, ajoute-t-elle. On a reconstruit en dur avec de solides moellons. » Ces cyclones laissent de nombreux morts dans leurs sillages.

Dans les années soixante, je vais découvrir Cilaos et son Petit Séminaire car mes parents m’y envoient. J’y passerai mon adolescence. Peut-être ai-je entraperçu Ignace lors de mes sorties, mais je ne m’en souviens plus. Cilaos attire, même si la route rocailleuse, étroite, avec d’un côté la paroi rocheuse et fragile et de l’autre le précipice qui donne sur le Bras de Cilaos fait frémir. Les « Zoreilles » à peine débarqués l’empruntent comme le font Pierrette et Bernard NOURRIGAT en 1963. « J’étais alors enceinte de mon aîné, Thierry, et il n’était pas question une fois là-haut de redescendre le lendemain. On logeait au Grand Hotel pour quelques jours », me confie Pierrette qui fréquente assidûment les Archives depuis des années avec son mari. Des touristes, il a dû en voir passer, Ignace et sûrement qu’il leur a proposé les productions familiales que tout le monde était fier de ramener dans les Bas : raisins de la treille, chapeaux en paille de lis ou de vétiver. Ignace et sa famille ne manquent pas de ressources et de courage.

clip_image010La vie s’écoule tout doucement pour Joseph Ignace. De nombreux événements se sont succédé dans la vie de notre bonhomme. Ses enfants sont depuis longtemps adultes. Le Bon Dieu semble l’avoir oublié. Lui ne se départit pas de sa bonhomie coutumière. Mauriciens[4], Européens ou Réunionnais, tout le monde aime à le rencontrer. C’est un vrai phénomène. Sa mise est toujours simple. Sa femme Marie Onésime qui a toujours été discrète partira une dizaine d’années avant lui. Son frère Pierre, Poilu comme lui, meurt en 1984, à près de 90 ans. Ses autres frères et sœurs, Andrée, Marie, Jeanne, Damien, Léon sont morts aussi.

Ignace ne partira pas avant que des élèves des écoles de Cilaos ne l’interviewent sur son passé d’ancien combattant. Les enfants doivent apprendre, pas seulement dans les livres. Joséphine se souviendra que l’un d’eux en eut un premier prix d’histoire. Alors la guerre ? «Plus jamais ça », aurait dit le vieil homme qui rend l’âme le 11 avril 1990 à 97 ans.

Des fleurs décorent la tombe toute simple d’Ignace, à Cilaos.

Aujourd’hui, il ne reste plus un ancien combattant de la Grande guerre, mais leur vie faite de luttes et de dignité n’a-t-elle rien à nous apprendre ?

Christian FONTAINE ©


[1] Le Réunionnais Raymond BARRE est nommé Premier ministre le 25 août 1976.

[2] Henri AMOUROUX parle d’Ignace RIVIERE dans « Monsieur BARRE » page 27 chez Robert Laffont (1986)

[3] Aujourd’hui les Réunionnais sont fiers que Cilaos, Mafate et Salazie fassent partie du Patrimoine Mondial-UNESCO.

[4] Sur la photo , M. et Mme LENOIR, de l’île Maurice, en discussion avec notre vieux Poilu.

Charles Constantin GAULETTE (1713-1753)

dimanche, janvier 16th, 2011

Bonsoir à toutes et à tous,

Ce soir je vous propose Charles Constantin GAULETTE, né le 7 avril 1713 à Brest, paroisse St Louis, fils de François GAULETTE, originaire de la paroisse St Eloi de Dunkerque, Lieutenant des Vaisseaux du Roi, Capitaine du port du Havre, Chevalier de St Louis et de Anne FREMONT (mariés à Brest, paroisse St Louis le 28 juin 1712)
Il arrive à Bourbon vers 1736, Capitaine de port (1739), Lieutenant sur les Vaisseaux du Roi (1756), il épouse Anne BACHELIER (1718-1791) le 19 août 1738 à Saint-Denis, ils auront ensemble au moins un enfant (Geneviève Suzanne née le 5 juin 1739 à St Denis et décédée le 10 août 1812 à St Benoît)
Il décédera le 30 août 1753 à Saint-Benoît.

Familles pouvant être alliées :

FREMONT – JACQUOT de VILLENEUVE

Sources : Antenne Morlaix CG29 – dictionnaire généalogique L.J. Camille Ricquebourg

Corrections à votre Ricquebourg :
p. 1446

Date de naissance :
Lire 7 avril 1713 (au lieu de « vers 1713 »)

Pas d’acte disponible

Bonne soirée
Généalogiquement vôtre

Claude Rossignol
La rubrique quotidienne des « Primo-Arrivants » de GENBOURBON & IMAUGEN
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Pierre Jacques MILLIERE dit Lépinay (1714-1777)

samedi, janvier 15th, 2011

Bonsoir à toutes et à tous,

Après ces coupures de courant à répétition de ces derniers jours, je reprends ma rubrique et vous propose ce soir Pierre Jacques MILLIERE dit Lépinay, né le 19 mai 1714 à Bray-sur-Seine (Seine-et-Marne), fils de Pierre MILLIERE, compagnon marinier et Marie POPINIAU (mariés à Bray-sur-Seine – 77 – le 23 novembre 1707)
Arrivé à Bourbon vers 1745, Caporal (1745), Sergent et Écrivain des troupes, il épouse Marie Hyacinthe SAUBOIS (1737-1768) le 16 février 1751 à Ste Suzanne, ils auront ensemble au moins 4 enfants.
Il décédera à Saint-Denis le 26 janvier 1777.

Familles pouvant être alliées :

SAUBOIS – ROUXEL de SAINT-REMI – ROBERT – DEVEAUX – DUBOURG – ROUSSEAU

Sources : archives départementales de Seine-et-Marne – dictionnaire généalogique L.J. Camille Ricquebourg – relevés C&S Dubard (1810-1850)

Corrections à votre Ricquebourg :
p. 1940

Patronyme :
Lire MILLIERE (au lieu de « MILLIER »)

Date de naissance :
Lire 19 mai 1714 (au lieu de « vers 1713 »)

Père de l’intéressé :
Lire MILLIERE (au lieu de « MILLIER »)
Ajouter compagnon marinier

Mère de l’intéressé :
Lire POPINIAU (au lieu de « SERPIGNO »)

Nota : les descendants porteront le patronyme « MILLIER »

Pas d’allusion à une Marie COMTENT DE PROPIGNO (renvoi 1) (différents actes de baptême et acte de mariage)

Acte à retrouver dans votre dossier habituel

Bonne soirée
Généalogiquement vôtre

Claude Rossignol
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