Archive for the ‘decouverte’ Category

Météorologie et science cyclonomique à La Réunion (XIXeme – début XXeme siècle)

mardi, janvier 15th, 2013

 

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Ordonnance royale du 24 février 1831

samedi, avril 14th, 2012

ordonnance 1831

Sous le voile

mercredi, février 8th, 2012

En 1750, à St Paul, deux enfants ont été légitimés lors du mariage de leurs parents et ont été présentés à cette occasion sous le voile.

Lors de la cérémonie, les enfants et leurs parents étaient dissimulés sous un drap avant l’échange des consentements.

Après la bénédiction, le voile était levé et les enfants prenaient alors leur place dans la société.

Le voile est aussi appelé le poêle, en particulier dans les nécrologies où sont désignés les teneurs des cordons du poêle.


Février 1750

Mariages du sieur Paul LORET et Marie CARON

Le 9/2/1750 après la publication des bans de mariage d’entre
sieur Paul LORET [LAURET] fils de feu Jacques Loret et d’Ignace Vidot ses père et mère de cette paroisse d’une part
Et Marie CARON fille de feu Pierre Caron et de Marie Anne Fontaine, ses père et mère, aussi de cette paroisse d’autre part
et Marie Gertrude leur fille âgée d’environ 1 mois ayant paru sous le voile, je les ai mariés en présence des Srs Georges Noël, Jacques Huet, Jacques Loret, Louis Noël et Jean Baptiste Brunoy témoins connus et soussignés, de cette paroisse



Mariage du sieur Henry HOARAU et de Marie GRIMAUD

Le 4/8/1750 après la publication des bans de mariage d’entre le sieur Henry HOARAU veuf de feue Suzanne Caron,
Et Marie Grimaud, fille de sieur Jean Baptiste Grimaud et de Marie Ruel ses père et mère, tous de cette paroisse,
Les parties ayant obtenu de Monseigneur Pierre Joseph Tete, vicaire général de Mgr l’archevêque de Paris, la dispense d’empêchement d’affinité au 3e degré, et Jean Baptiste leur fils âgé d’environ 5 mois, ayant été présenté sous le voile, en présence du sieur Henry Grimaud capitaine du quartier, St Lambert, procureur du Roy, Grosset huissier du Conseil, Jacques Hoarau, Pierre Raux, tous témoins connus de cette paroisse qui ont signé /Monet prêtre missionnaire

Sources / Recherches J GRENET /CAOM

Une île en cartes (La Réunion lontan)

jeudi, novembre 24th, 2011

Bonjour Régine,

Jean-François Hibon de Frohen et moi avons le plaisir de t’informer, en avant première, de la sortie imminente (début décembre) d’un nouvel ouvrage sur les Cartes Postales Anciennes de La Réunion que nous avons réalisé avec Daniel Vaxelaire, et édité par Orphie.

Nous nous sommes attachés à y mettre les Cartes les plus belles et les plus rares en privilégiant la couleur : c’est un peu le best of des Cartes Postales Anciennes de La Réunion. Comme dans le Répertoire, les Cartes sont présentées par éditeur de Cartes Postales, éditeurs auquel ce livre veut être un hommage. On y trouvera quelques informations nouvelles résultant de nos recherches récentes : qui étaient Léona, L. Angelin, B.C.G., etc.

Je te joins une petite affichette qui te permettra de te faire une première idée. Le livre sera dans toutes les « bonnes librairies » de La Réunion début décembre.

Bien cordialement

Eric Boulogne

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Macatia en 1819

mercredi, janvier 19th, 2011

Bonjour à tous,

A l’heure où on nous parle de peut-être encore augmenter le prix du pain,et à l’invitation de Régine, je vous propose un extrait d’une ordonnance du 28 01 1819 :

 » A l’avenir, nul ne pourra exercer dans la colonie la profession de boulanger, sans une permission spéciale du maire de chaque quartier, visée par le commissaire de marine chargé des détails du service administratif. Cette permission ne sera accordée qu’à ceux qui seront de bonne vie et moeurs et qui justifieront connaître les bons procédés de l’art. Ils devront en outre justifier, dans le premier trimestre de chaque année, qu’ils font leur approvisionnement de l’année, et se soumettre à avoir constamment en réserve dans leur magasin un approvisionnement de blé relatif à la quantité de pain qu’ils s’engageront à fournir journellement, et qui devra pourvoir au service de 3 mois.

Les boulangers seront divisés en 3 classes :

– ceux qui fabriquent le pain blanc et pain bis pour la consommation habituelle de citoyens.

 – ceux qui ne fabriquent que du pain fantaisie, et souvent ne font que manutentionner la farine qui leur est délivrée par des particuliers.
 

– ceux qui ne font que du pain de son appelé « macatia » pour les noirs. »

Bon appétit

Marie-Claude KOUDRIATCHEFF

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100_1689Macatias de 1819

Un Poilu de 14, le Cilaosien Joseph Ignace RIVIERE par Christian FONTAINE ©

lundi, janvier 17th, 2011

 

Quand j’ai vu les photos d’Ignace RIVIERE dans le salon de cette tante par alliance, je n’ai pu m’empêcher de me poser des questions sur la vie de cet homme, engagé dans une guerre mondiale et après en avoir réchappé, menant encore des combats pour assurer sa vie et celle des autres. Grâce à la famille et aux historiens, j’ai essayé e reconstituer quelques moments de sa vie.

clip_image002Joseph Ignace RIVIERE est né un 1ermars 1893 à 10 h du soir à Cilaos (île de La Réunion, alors Colonie). Il y termine sa vie après 97 ans de bons et loyaux services envers sa patrie et sa famille. Sa famille, c’est aussi la population de Cilaos elle-même car son métier de « jardinier » fait de lui un familier.

Ignace fils de Donat Riviere et de Marie Joséphine GONTHIER fait partie de ces hommes qui crée le cirque. L’histoire de Cilaos commence avec les Marrons qui s’y installent dès le début du 18 e  s. et lui donnent son nom : « le pays que l’on ne quitte pas ». Le 19 e siècle voit l’arrivée des premiers habitants « légaux » tel que Figaro qui reçoit l’Ilet-à-Cordes pour avoir trahi les esclaves mutins de St-Leu en 1811. Puis on verra les Dalleau, Dijoux, Grondin, Lauret, Picard et autres s’installer sur ces hauteurs escarpées et essayer de survivre avec la seule force de leurs bras et de leur mental.

Ignace dont la famille vit à Brûlé Marron va à l’école publique de Cilaos à pied chaque jour (20 minutes encourant comme un cabri). Il fait partie des 65 élèves de la classe unique de M. NICOAS qui essaie de rivaliser avec l’école des Sœurs. Il obtient son Certificat d’études à 11 ans et demi, ce qui est une performance pour l’époque car l’analphabétisme règne en maître sur cette île et particulièrement dans les coins reculés. « On était 23 élèves, j’ai été reçu deuxième. Les résultats ont été annoncés par télégraphe parce que l’examen était corrigé à Saint-Louis. » Mais ces parents-là sont différents car ils veulent que leur onze enfants aillent à l’école. Et quand on pense que l’habitat à cette époque était constitué de paillotes, on ne peut que tirer son chapeau.

La famille d’Ignace est paysanne, mais à l’occasion on se fait porteur des villégiaturistes qui montent se faire une santé aux thermes. Les familles riches de l’île Maurice y venaient en nombre non négligeable. Relisons la lettre d’un abonné de Cilaos paru dans « La Patrie Créole » de 1910 : « Depuis une quinzaine d’années je fréquente la station thermale de Cilaos et c’est toujours avec le même plaisir que je revois ces sites merveilleux, dont le seul spectacle suffit au relèvement physique et moral des malades… Durant la dernière saison, et actuellement encore, toutes les maisons sont non seulement occupées, les hôtels comblés,mais les maisons de chaume elles-mêmes sont louées par des retardataires. »

Adolescent Ignace se souvient avoir vu la comète de Halley : « C’était le soir et il faisait noir, mais c’était une lumière qui éclairait comme un phare la Terre. »

Il a 17 ans quand a lieu la « jacquerie » de Cilaos durant laquelle un groupe de paysans pauvres réclame la distribution gratuite des terres. Voici ce qu’écrit « La Patrie Créole » le samedi 27 août 1910 : «  Les habitants s’étaient insurgés l’année dernière et avaient mis le feu aux forêts dont ils avaient la prétention de s’emparer ; la faiblesse administrative leur a donné raison et aujourd’hui ils se croient tout permis… Ils préfèrent couper du bois qu’ils vendent aux baigneurs et aux boutiquiers, et aussi et surtout des palmistes et à prendre des merles et des petits oiseaux qu’ils viennent vendre, entre chien et loup, aux villégiaturistes à la tombée de la nuit. »

Mais il n’y a pas que les feux de forêt de Cilaos qui font peur à certains. En Europe aussi couvent les feux de la guerre. Dans un article intitulé « Le péril allemand » du 17 février 1910 La Patrie Créole rapporte les mots de Maximilien Harden dans le « Zukruft » : « Que l’Angleterre permette aux Allemends d’établir leur hégémonie sur l’Europe… et il y aura la paix… En 1920, l’Allemagne aura 73 millions d’habitants, il nous faut de la place, sinon elle mobilisera ses forces contre vous, et c’est à vos dépens, au prix d’une longue et cruelle campagne qu’elle s’agrandira. Vous avez le choix. »

Ignace a 21 ans quand la guerre de 14 éclate. La terrible nouvelle se propage en quelques heures dans toute l’île.

Cette guerre qu’on croyait éclair va s’éterniser. Les soldats vont tomber en grand nombre. Les premiers partis de Cilaos au début de la guerre meurent aux champs d’honneur. La commune a gravé leurs noms sur son monument aux morts : Henri Léon BENARD, 23 ans, Joseph Séraphin BOYER, 33 ans, Louis Eugène BOYER, 33 ans, Louis Guillaume RIVIERE, 22 ans pour l’année 1915.

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Caserne de Perpignan inaugurée en 1913

Joseph Ignace est mobilisé en 1916 ainsi que son frère Pierre Mathurin plus jeune. Le médecin militaire les a jugés aptes aux missions qui leur seront confiées sous un climat différent et aux conditions précaires du combattant. La France a déjà perdu de nombreux soldats. La famille RIVIERE a le cœur lourd de les voir partir. Quand reverra-t-elle ses fils ? Tristesse et amertume. Rapidement il est embarqué sur un transport de troupes, l’El Kantara. Il ne souffre pas du tout du mal de mer. Huit jours plus tard, il débarque à Diègo Suarez où il fait 3 mois de classe. Il rejoint ensuite Marseille, puis il est incorporé au 24ème Régiment d’Infanterie à Perpignan. Là, il a la surprise de trouver un sergent-major, ancien camarade à lui de la Rivière-Saint-Louis. Il le reconnaît à peine tout d’abord.

Il monte au front dans la région de Lunéville, près de Baccarat, à Bertuisson. Il fait beau, c’était en juin 17. Sa première mission fut de porter un pli dans un bureau à travers la tranchée Il a eu peur de se perdre. Le soir de son arrivée, dans la cagna avec les camarades nouvellement arrivés, ils se déshabillent pour dormir. A dix heures, alerte ! Le sergent veut les faire sortir sur le champ. « Attendez sergent on s’habille ! » « Mais ils se croient chez eux ceux-là ! » Il a fallu s’habiller en vitesse. Son premier contact avec l’ennemi reste présent dans son esprit : il a tiré devant lui comme tout le monde et il n’a rien vu. Un homme s’est écroulé en face de lui. Est-ce lui qui a tiré ?

Quelques jours plus tard, dans un bois près duquel les troupes françaises s’étaient repliées, un tireur isolé allemand abattait systématiquement les soldats français allant aux lieux d’aisance, installés dans le bois. Un lieutenant français repère alors le tireur caché en hauteur dans un tronc creux. Les Français tirent, Ignace comme les autres. Il voit l’Allemand disparaître dans le tronc. « Il a longtemps gémi avant de mourir. »

Trois fois il montera au front. Une fois dans les Vosges et deux fois à Verdun. C’est là qu’une torpille explose près de lui. Des camarades sont blessés, d’autres ont été tués. Lui n’a rien. « C’était comme un cyclone, les arbres étaient brisés partout.  On restait huit jours en première ligne puis on repartait quinze jours à l’arrière. A Verdun on était en réserve de la première ligne, dans des trous individuels. J’avais trois copains : DELRUE de Paris, un Bordelais CABRIROUX et FONTAINE de la Rivière-Saint-Louis. Un jour on a vu une petite auto pas plus grande qu’une table avec un petit drapeau sur l’aile. C’était le général PETAIN ;

A Verdun la cuisine était cuite très loin à l’arrière et il fallait la chercher à pied dans un poste très éloigné. Il fallait la nuit entière pour la corvée : il n’y avait pas beaucoup de volontaires pour le faire. Au loin on apercevait le ravin de Douaumont. C’est à ce moment-là que j’ai été gazé. »

La guerre terminée, ils rentreront en 1920 par bateau comme ils y étaient allés. La Réunion laisse un homme sur dix sur la terre de France. Douze mille rentrent au pays. Pense-t-on aux parents ? Peut-on leur envoyer des nouvelles ? En reçoit-on ?

« Il était défendu de dire où on était. Un jour on avait acheté des cartes postales dans un village complètement ravagé et avec les amis on les avait écrites pour nos familles. Elles ont été confisquées. Les vues des régions de combat étaient interdites. La correspondance arrivait pourtant de la Réunion, les lettres en souffrance étaient affichées sur de grands panneaux, il y avait des colis aussi.

Le jour de l’armistice, il était à LEMMES, près de Verdun. « La nouvelle a été subite. On a joué du clairon, les cloches ont sonné. C’était le matin, on était surpris et après on a su que c’était vraiment l’Armistice. Je suis resté à Lemmes jusqu’en janvier, puis à Marseille jusqu’en mars 1919. On était 6 000 soldats de la Réunion. On a embarqué sur le « Madonna ». Il y avait 2 000 hommes à bord mais ce n’était pas assez lourd. On avait mis du lest dans les cales. C’était de la terre. Elle avait été prélevée dans un endroit où on avait enterré des Sénégalais morts de la grippe espagnole. »

On est arrivé le 31 mars 19. On avait mis 20 jours pour revenir. J’ai pris le petit « train lontan » jusqu’à Saint-Louis, ensuite je suis monté à Cilaos en fauteuil. Les parents étaient en bas du village, au Brûlé des Marrons en haut de la dernière pente du chemin, la pente Crève-Cœur. La chance avait été pour moi. 55 camarades de Cilaos ne sont pas revenus.

De ce temps, Ignace a gardé deux grands manteaux de drap, ses godillots et ses molletières qui lui serviront encore de nombreuses années. Très vite l’épidémie transportée par la Madonna se répand à Cilaos. Cinq membres de la famille d’Ignace meurent.

Ignace devient jardinier. Il cultive et vend de tout, le panier de légumes posé sur la tête. Il a toujours sur son dos son « bertel » où il peut mettre des chouchoux ou des fraises ramassées dans la forêt pour sa famille. Les 2000 habitants du début du siècle le connaissent car il passe régulièrement avec ses produits frais, son bazar en somme. Il a le contact facile. La guerre ne lui a pas fait perdre ses qualités d’humain. Il apprend à tout faire et marcher ne lui fait pas peur.

A travers ses pérégrinations, il découvre aux Mares une jeune fille de bonne famille pas plus riche que la sienne. Elle s’appelle Marie Onésime ETHEVE, née le 16 juin 1903 et orpheline de père dès l’âge de 10 ans. Elle a 21 ans et elle aura remarqué la belle moustache noire de son soupirant. Il pense qu’elle fera son bonheur. Au bout de six mois de fiançailles, Ignace épouse Onésime ETHEVE. « Pour une demande en mariage, on savait se débrouiller tout seul ! » En septembre 1924, ils s’unissent devant Dieu et devant les hommes et se jurent fidélité. « La fête a commencé le samedi chez Onésime, la cérémonie a eu lieu le mardi. Le cortège était comme une colonne de soldats. Tout le monde est venu chez mon père et la fête a continué jusqu’au vendredi.Bien sûr qu’il fait encore frais la nuit et quand on se lève, il fait 10 degrés dehors. Mais les hommes en ont l’habitude en altitude : au contraire on se met plus vite au travail. Ils décident d’habiter au Bras Sec, dans une maison semblable à celle de leurs parents. Vont y naître avec une régularité astronomique les 11 enfants du couple.

clip_image006La première Thérèse, le 30 juin 1925. Elle vit actuellement en France. Puis Joséphine le 14 juin 1927 : elle vit à Cilaos avec une autre sœur, Catherine. Ce sont elles qui m’ont renseigné sur leurs père et mère et la vie de cette époque. François Ignace né le 27 février 1929 est décédé depuis. (Cette même année, le 11 novembre, a lieu l’inauguration du « Poilu de la Victoire, place de l’Hôtel de Ville à Saint-Pierre.) Ignace s’y est-il rendu ou en a –t-il entendu parler ? Cécile a 78 ans et vit aussi en France : elle est née le 16 décembre 1931. (1932 : un arrêté du gouverneur ouvre la circulation sur la route de Cilaos « aux risques et périls des utilisateurs ».) Gertrude Claire est née en 1934 mais est décédée depuis. Marthe, 74 ans, vit à Cilaos. Céline Clovicia en 37. Catherine que j’ai nommée plus haut est née en 1939. Les jumeaux Jean-Jacques et Joseph Jacob en novembre 42 et la onzième Marie Henriette en 1946.

Voilà une belle famille qu’il faut élever dans l’amour et la fermeté aussi. La vie est dure mais elle s’organise. Joséphine raconte qu’elle n’est allée que deux ans à l’école parce que sa mère a eu besoin d’elle après la naissance de Céline Clovicia et que la guerre de 39 arrivant, on ne trouve plus de papier pour écrire dessus. On vit encore plus en autarcie et on restreint les besoins. Tout le monde est mis à contribution pour assurer la survie, qui trait la vache pour son bon lait qu’on boit le matin ou qu’on mange avec le riz ou le maïs, qui plante les légumes ou désherbe le jardin, qui encore tresse un chapeau avec du chiendent ou du lys pour « parer » le soleil d’été.

Joseph Ignace ne se lasse pas de piocher (on le verra pioche à la main à 90 ans), de « gratter » la terre et de planter. Il fait pousser, entre autres, salsifis, choux de Bruxelles, et artichauts. Il fait venir les semences «  Vilmorin » par bateau, commandes qu’il passe deux ou trois mois à l’avance. Il cultive aussi des navets, betteraves, des oignons « vétiver ». A cette époque tout ce qu’on produit est bio. Mais les dons d’Ignace sont divers : vin de pêche, de prune, de fraise ou de coing n’ont plus de secret pour lui. Aurait-il appris ses recettes auprès de ses camarades du régiment ? Le temps passe. A St-Denis de la Réunion naît en 1924 un futur Premier ministre. Cilaos est depuis longtemps le pays du changement d’air et l’altitude est indiquée pour lutter contre le paludisme. Aussi le jeune Raymond BARRE et sa famille dans les années 30-40 montent dans le cirque en changement d’air pour y jouir de la fraîcheur des températures et des vertus des sources thermales. C’est ainsi qu’Ignace aura l’occasion de porter le jeune Raymond BARRE sur son dos et aussi de ravitailler sa famille en légumes en janvier-février, période des grandes vacances scolaires. D’ailleurs une certaine amitié naît entre le vieux Poilu et le jeune collégien et une fois devenu Premier ministre[1] ou député, R. BARRE ne manquera pas de l’inviter lors de ses passages à la Réunion en 1978 et dans le cirque de Cilaos en 1985[2] : nul doute qu’ils ont alors échangé plein de souvenirs. Moments inoubliables pour cet amoureux du contact qu’est Ignace. Raymond Barre interviewé par Jean-Michel Djian évoque son enfance dans « Mémoire vivante » : Mon île natale compte bon nombre de paysages magnifiques. Et on la parcourait à pied. On montait au Piton des Neiges, à 3200 mètres d’altitude, on allait visiter le cirque de Mafate. Tout cela nous procurait des joies intenses[3].

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Mais avant tout cela, n’oublions pas 39-45 : tout va manquer à la Réunion. Les gens feront la queue devant certains commerces pour avoir un bout de manioc ou de tissu. A Bras Sec, Ignace mettra tout en œuvre pour subvenir aux besoins de sa famille. Quatre enfants naissent pendant la guerre et après. Il élèvera porcs et vaches, poules et canards pour donner un bout de viande à chacun une fois par semaine. Joséphine se souvient qu’il y avait « quarante porcs dans la porcherie ou dans la cour et qu’on en tuait un par mois pour nourrir la famille, les cousins et cousines. C’était la fête ! »

A la Réunion, région tropicale il ne se passe pas trop d’années sans que les cyclones fichent un coup au moral et il n’est pas rare qu’on ait à enterrer des victimes de ces phénomènes violents. « En 1948, sept personnes d’une même famille en meurent au Bras Sec seulement,  me confie Joséphine la fille de Joseph Ignace. Notre maison a été emportée en février 1962 par le cyclone Jenny, ajoute-t-elle. On a reconstruit en dur avec de solides moellons. » Ces cyclones laissent de nombreux morts dans leurs sillages.

Dans les années soixante, je vais découvrir Cilaos et son Petit Séminaire car mes parents m’y envoient. J’y passerai mon adolescence. Peut-être ai-je entraperçu Ignace lors de mes sorties, mais je ne m’en souviens plus. Cilaos attire, même si la route rocailleuse, étroite, avec d’un côté la paroi rocheuse et fragile et de l’autre le précipice qui donne sur le Bras de Cilaos fait frémir. Les « Zoreilles » à peine débarqués l’empruntent comme le font Pierrette et Bernard NOURRIGAT en 1963. « J’étais alors enceinte de mon aîné, Thierry, et il n’était pas question une fois là-haut de redescendre le lendemain. On logeait au Grand Hotel pour quelques jours », me confie Pierrette qui fréquente assidûment les Archives depuis des années avec son mari. Des touristes, il a dû en voir passer, Ignace et sûrement qu’il leur a proposé les productions familiales que tout le monde était fier de ramener dans les Bas : raisins de la treille, chapeaux en paille de lis ou de vétiver. Ignace et sa famille ne manquent pas de ressources et de courage.

clip_image010La vie s’écoule tout doucement pour Joseph Ignace. De nombreux événements se sont succédé dans la vie de notre bonhomme. Ses enfants sont depuis longtemps adultes. Le Bon Dieu semble l’avoir oublié. Lui ne se départit pas de sa bonhomie coutumière. Mauriciens[4], Européens ou Réunionnais, tout le monde aime à le rencontrer. C’est un vrai phénomène. Sa mise est toujours simple. Sa femme Marie Onésime qui a toujours été discrète partira une dizaine d’années avant lui. Son frère Pierre, Poilu comme lui, meurt en 1984, à près de 90 ans. Ses autres frères et sœurs, Andrée, Marie, Jeanne, Damien, Léon sont morts aussi.

Ignace ne partira pas avant que des élèves des écoles de Cilaos ne l’interviewent sur son passé d’ancien combattant. Les enfants doivent apprendre, pas seulement dans les livres. Joséphine se souviendra que l’un d’eux en eut un premier prix d’histoire. Alors la guerre ? «Plus jamais ça », aurait dit le vieil homme qui rend l’âme le 11 avril 1990 à 97 ans.

Des fleurs décorent la tombe toute simple d’Ignace, à Cilaos.

Aujourd’hui, il ne reste plus un ancien combattant de la Grande guerre, mais leur vie faite de luttes et de dignité n’a-t-elle rien à nous apprendre ?

Christian FONTAINE ©


[1] Le Réunionnais Raymond BARRE est nommé Premier ministre le 25 août 1976.

[2] Henri AMOUROUX parle d’Ignace RIVIERE dans « Monsieur BARRE » page 27 chez Robert Laffont (1986)

[3] Aujourd’hui les Réunionnais sont fiers que Cilaos, Mafate et Salazie fassent partie du Patrimoine Mondial-UNESCO.

[4] Sur la photo , M. et Mme LENOIR, de l’île Maurice, en discussion avec notre vieux Poilu.

Naissance du site dédié aux primo-arrivants

dimanche, octobre 24th, 2010

Bonsoir à toutes et à tous,

Ma base de donnée commençant à déborder, je me permets si vous le voulez bien de vous signaler la naissance de mon site internet dédié à ces primo-arrivants.

Il est bien évident que celui-ci n’est pas parfait, mais que je compte sur vous tous pour m’aider à le perfectionner en me signalant via l’onglet « me contacter » toutes erreurs constatées ou améliorations souhaitées.
Il n’est pas encore entièrement terminé mais l’essentiel est déjà en ligne.
Je tiens à remercier Henri Maurel pour sa participation avant mise en ligne « officielle »
En espérant que ce site répondra à vos attente, il existe surtout parce que ce forum existe !
Nota : je poursuivrai évidemment en parallèle la rubrique quotidienne.

Bonne balade
Cordialement
Claude Rossignol
http://www.racines-des-mascareignes.fr/index.html

Cimetière français de Pondichéry

jeudi, septembre 9th, 2010

Dans les articles ci-dessous, vous trouverez trois photos de tombes prises au cimetière français de Pondichéry par Jean-Marie T lors de ses dernières vacances, concernant :

  • Etienne Evenor GUYOT
    ° 06.10.1861 à La Réunion
    +26.10.1877 Pondichéry
  • Denise Ezilda LÉPINE née DUMOULIN
    °21.11.1830 Réunion
    +25.07.1859 Pondichéry
  • Marie Anne Denise Nanette LE VASSEUR Dame DUMOULIN
    ° Ile Bourbon
    + 23.03.1845 Pondichéry à l’age de 68 ans

j’ai pu remonter leurs généalogies que je tiens à votre disposition.

Par ailleurs, Jean-Marie a pris les photos des tombes suivantes :

  • François-Emile TARDIVEL
    °11.05.1818 Pondichery
    +31.08.1869 Vichy Inhumé 06.02.1889 Pondichery
  • François Hyacinthe CADET
    °25.10.1858 Pondichéry
    +07.03.1938
  • Marie Mathurine Céline MAIGRET née CADET
    1888-1957
  • Marie Augustine CADET née MERY
    +29.09.1856 à 26 ans
    et sa fille
  • (Dada) Philomena Clara CADET
    °11.06.1849
    +09.09.1866
  • Félix Eugène CADET
    Août 1826-17.12.1801
  • François Amédée CADET
    10.09.1853-10.05.1906
  • Charles Emile CADET
    24.01.1853-26.04.1877
  • François William CADET
    °12.03.1855
    +24.03.1888 à Pnom Penh Cambodge

Il vous fera, gentiment, parvenir, sur demande, les photos qui pourraient vous intéresser.

Régine

Denise Ezilda LEPINE (1830-1859)

jeudi, septembre 9th, 2010

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Photo Jean Marie T

Denise Ezilda LÉPINE née DUMOULIN
°21.11.1830 Réunion
+25.07.1859 Pondichéry

Marie Anne Denise Nanette LE VASSEUR (1777-1845)

jeudi, septembre 9th, 2010

 

Photo Jean-Marie T.

Marie Anne Denise Nanette LE VASSEUR Dame DUMOULIN
° Ile Bourbon
+ 23.03.1845 Pondichéry à l’age de 68 ans