Hommage à Mère Gus

Marie Emilienne PUYLAURENT

(1882-1959)

 

 

 

À TON SOUVENIR

Je n’ai pas pris le temps de te dire…

Je n’ai pas eu le temps, je dois dire.

Ton passage éclair dans mon enfance

Reste vif malgré  sa fulgurance.

Je n’ai qu’à clore un peu les paupières

Pour que tu viennes te glisser derrière.

Ta robe d’indienne à carreaux danse,

Autour de tes mollets, en cadence.

Au rythme des chants des anges du ciel,

Tu avances, tranquille sous le soleil

Au milieu des abeilles qui essaiment

Amoureuses de ta terre sereine.

Ԡ tes doigts ! Caresse incomparable !

Dans ma tignasse frisée indomptable.

J’aime surtout Mère, le son de ta voix

Râpeuse, sensuelle et douce à la fois !

Ton murmure glissant au creux du cou,

Tes petits mots de tendresse si doux,

Ton souffle au jasmin  affriolant

Emportent au loin mon cœur d’enfant !

Une larme, à la frontière de mes cils,

Perle. Ton souvenir indélébile

Hante  ma quête que rien n’apaise.

Mère, ton absence de ma vie pèse !

Je n’ai pas eu le temps de te dire…

Mais il m’en reste assez pour l’écrire.

 

Marylen Brice